Economie
On ne prône pas sa souveraineté, on la gagne!!
Ce dimanche 28 Juillet, les maliens sont sortis massivement pour élire leur nouveau président pour un mandat de 5 ans. L’enjeu de cette élection est de permettre au Mali de se doter d’un pouvoir plus légitime prompt à répondre efficacement aux défis actuels notamment l’épineux dossier du « nord » du pays et la relance de l’économie. Cependant, du point de vue citoyen, cette élection est beaucoup plus qu’une question de légitimité. Elle est considérée comme une étape cruciale dans la reconstruction d’un nouvel Etat et la refondation d’une véritable démocratie avec des institutions fortes et des acteurs plus responsables.
Certes, Il serait trop osé d’attendre ce miracle de la part du nouveau président d’autant plus que son mandat s’inscrira dans une logique de transition politique devant permettre au Mali de retrouver tout d’abord ses repères. Néanmoins, il pourra et devra proposer un début de solution dès la prestation du serment notamment dans les domaines tels que la sécurité, la Justice, l’éducation et la santé. Aussi, la transparence et le contrôle budgétaire, l’équité dans la répartition de ressources et l’instauration d’une enquête de moralité dans les nominations etc. doivent ipso facto figurer dans le tableau de bord de la nouvelle équipe afin d’imprimer, d’entrée de jeu, une volonté manifeste de rompre avec les mauvaises pratiques qu’a connu ce pays au cours de ces 20 dernières années. Ces préalables loin d’être des finalités en soi, constituent les points d’ancrage dans l’édification d’une société plus juste dans laquelle les aspirations du peuple, du nord comme du sud, seront comblées. C’est un travail de fond qui mérite d’être mené.
Après le coup d’Etat de Mars 2012, le retrait des bailleurs de fond et le gel des avoirs ont fini par paralyser la jeune et fragile économie malienne, nous rappelant ainsi et de façon brusque sa forte dépendance à l’extérieur. C’est donc tout naturellement que les maliens ont suivi avec intérêts la conférence des donateurs à Bruxelles car, convaincus que ses milliards injectés permettront à l’économie de décoller et les affaires de reprendre. Cependant, cette aide a un air de déjà vu avec son corolaire d’imposition et de mauvais choix en termes macro et microéconomique. La main qui donne est toujours au dessus ; ceci est une réalité. L’aide au développement maintient le pays dans une situation précaire, de mendiant assisté sans perspective d’évolution et condamné à se courber et à accepter l’ingérence politique. Un pays obligé de quémander ne peut ni parler de souveraineté ni d’indépendance encore moins de démocratie. Il serait donc intéressant pour le Mali et les maliens que le nouveau président mette en place les jalons d’une économie moderne, solide et capable de résister aux turbulences internes et externes.
Dans ce souci de redynamisation de l’économie locale, la ressource humaine bien portante, formée et éduquée occupe une place de choix. La formation de masse dans un contexte de mondialisation a montré ses limites avec de plus en plus une spécialisation des firmes mais aussi des pays grâce notamment à la mise en valeur des avantages comparatifs et absolus. Il ne s’agit plus de former pour le plaisir de former ou tout simplement pour le plaisir de relever le taux d’alphabétisation. Au contraire, l’adéquation formation-emploi au travers de la définition des besoins spécifiques de l’économie doivent guider l’adoption des programmes scolaires. Pays à vocation agro alimentaire, le Mali a plus besoin d’agronome-gestionnaire que d’avocats ou de géographe ou même d’historiens. Je ne dis pas qu’il faille fermer ces filières de formation mais je trouve que la proportion doit considérablement diminuée pour laisser place aux métiers nécessaires à notre politique agricole. En plus de l’éducation, la santé doit être améliorée à travers la construction des centres de santé et de leur équipement. Il faut optimiser le rendement des centres de santé, faire en sorte que le citoyen puisse accéder à des soins quasi gratuit de qualité. Cela aura pour mérite, en plus d’avoir une ressource humaine bien portante, de réduire la part du budget allouée à ce poste de dépense et donc d’accroitre la propension à épargner, toute chose utile pour la mobilisation de ressources internes.
Un autre volet concerne la mise en place d’un fond de garantie du secteur privé. Ce fond devra encourager entrepreneuriat jeune dans le domaine industriel et de prestations de services. Sa mise en œuvre ciblant les activités de transformation et de commercialisation des produits agro alimentaires doit se conjuguer avec la promotion des activités connexes de conditionnement et de transports. Ce secteur demeure inexploité au Mali malgré un marché, en expansion, dominé par les importations. Certains maliens estiment également que le secteur de l’extraction minière est sous exploité au Mali. C’est peut être vrai mais la particularité de ce secteur tient à son délai de vie limité qui ne permet pas d’avoir une économie solide et pérenne. Néanmoins, l’extraction et le traitement des minerais conjuguant expertise extérieur et apprentissage continue conférera au secteur minier un meilleur traitement et une plus valu conséquente pour l’Etat malien.
Dans les économies modernes et plus particulièrement celle d’un pays enclavé comme le nôtre, l’importance des réseaux routiers n’est plus à démontrer. Un accent particulier doit y être accordé afin de permettre aux entreprises locales de disposer d’un marché à hauteur de souhait. Les infrastructures, en plus de son aspect esthétique, réduisent les coûts de transport et le délai de livraison toutes choses qui confèrent une Valeur ajoutée supplémentaire aux entreprises et donc à l’Etat.
AKY
Unis, nous vaincrons!!!
Réduite en simple spectatrice et confortée dans sa position de victime par ses fils et filles, l’Afrique demeure encore et comme toujours le seul continent à dévoiler les effets pervers des politiques de redressement ou de relance économique. On se rappelle des programmes d’ajustement structurels conçus dans les années 80 par la banque mondiale et le FMI disait on pour aider les pays africains à redresser leur économie, promouvoir la croissance et encourager l’investissement. Ces programmes se justifiaient par l’incapacité des pouvoirs politiques africains à mettre en place des structures aptes à assurer l’efficacité et l’efficience des ressources, à eux empruntés par les partenaires bilatéraux et multilatéraux. Ces fonds, il faut le rappeler, servaient plutôt à asseoir la domination voir l’enrichissement d’un groupuscule de dictateurs qu’à aider la masse populaire réduite dans la précarité totale. L'Afrique brillait également par de longues années de mauvaise gestion se traduisant entre autres par un déséquilibre entre charges de production ou de maintien élevées et produits d’exploitation plus ou moins nuls. Il apparaissait nécessaire de réduire considérablement les charges des Etats, dresser la santé financière des entreprises et proposer, si possible, une privatisation des entreprises. Selon les rapports, Les budgets nationaux alloués à l’éducation et à la santé étaient énormes. Ces chiffres n’étaient que bidon car, en réalité la part des détournements dans ce poste des dépenses était telle que le citoyen ne percevait que moins de 10% du montant annoncé. Cependant, La rigueur budgétaire n’a pas tenu compte des incidences que cela aurait sur la vie des africains. Bien que subsistait un détournement de fond, la situation était plus reluisante avant qu’après. Les conséquences sociales ont été très peu prises en compte et le niveau de vie s’est plutôt dégradé de manière significative. La réduction des budgets alloués à l’éducation et à la santé ont fermé l’accès aux services de publics essentiels à une majorité de gens. Des millions de personnes ont été reléguées dans la précarité de l’économie informelle, privées de protection sociale et obligées de vivre, ou plutôt de survivre, de revenus aussi maigres qu’aléatoires. Bref, si ces politiques visaient une meilleure efficacité dans la gestion des fonds empruntés et une meilleure redistribution des richesses créées, l’on est tenté de penser que l’objectif final recherché était de préparer la transition vers le capitalisme. Ces programmes ont signé l’entrée de l’Afrique dans le monde capitaliste et sans y être véritablement préparée, elle se devait se battre pour survivre.
Trois décennies plus tard, le constat est catastrophique. L’impression qui s’en dégage donne des frissons et l’on se demande réellement s’il y au eu évolution, stagnation ou régression. Tout compte fait, l’Afrique cogite encore et ne donne pas l’assurance d’avoir bien appris des erreurs du passé. Le problème ne se situe pas forcement ailleurs. Il est purement africain et il le demeurera ainsi si nous prenions conscience que dans le monde capitaliste, la règle est simple. Chacun ses intérêts, chacun ses méthodes et chacun pour soi, Dieu pour tous. L’UE ou les USA continueront à défendre les intérêts respectifs des européens et des américains et si cela passe par la balkanisation de l’Afrique, des guerres fratricides ou tout simplement la corruption, ils ne se gêneront pas. A l’UA de se battre alors pour sauvegarder les intérêts des africains. Au moment ou les frontières tendent à disparaitre et la concurrence de plus en plus rude, les africains assistent impuissamment à l’envahissement de leur marché par les multinationaux. Si les spécialistes expliquent ce fait par l’incapacité de l’Afrique à rendre plus performantes ses entreprises, il n’en demeure pas moins que les causes, les véritables, sont à rechercher dans l’Afrique politique, instrumentalisée et mise en mal par des années de choix issus des hommes politiques extérieures à l’Afrique. Certes la faible capacité à se doter d’entreprises compétitives et d’hommes valables capable de dessiner les contours d’une politique économique propre et viable constitue une partie des explications mais une analyse profonde nous enseigne que celle-ci trouve également son explication dans sa gestion politique. De notre point de vue, l’imposition et l’encouragement des régimes, pourris et néfastes, constituent la racine de nos maux. Ce sont les régimes africains qui tuent nos entreprises au profit des multinationaux. Ce sont eux qui négocient des accords économiques visant à nous maintenir dans cette dépendance chronique et ce sont les mêmes qui seront toujours élus car, faisant bien le jeu des autres. L’expression du peuple étant ignoré, de principes tels la bonne gouvernance, la démocratie et le respect des droits humains sont à cultiver et à promouvoir pour prendre en compte les aspirations des gouvernés et à créer un cadre réglementaire compétitif pour nos entreprises. Les résultats négatifs et les accords économiques importants et largement désavantageux pour nos entreprises tirent leur source dans l’absence de ces principes. Nous trouverons la solution à nos problèmes si la transparence dans nos choix politiques se matérialise aisément et si nous décidions sur la base de mérite de confier notre destinée aux personnes qui incarnent cette vision. Il faut laisser le soin aux africains de choisir leurs élites et d’exprimer leurs besoins sans aucune interférence. Le peuple doit se réveiller et batailler dur pour se faire entendre. L’éducation au sens large s’impose comme la pierre angulaire de ce changement. Instaurer des programmes propres aux réalités africaines est une nécessité et une condition sine qua non pour un éveil de consciences civique et moral. Le simple fait de se savoir en retard est déjà une victoire en soi et cela doit être dit aux écoliers. Que la nouvelle génération sache réclamer ses droits est déjà une bonne chose mais qu’elle soit également consciente de ses devoirs. Ces préalables nous permettront d’avoir de citoyens libre à l’échelle nationale mais aussi des panafricanistes convaincus ayant une vision similaire à celle des pères fondateurs de nos nations qui se sont illustrés par leur mode de pensée.
La mondialisation a fait couler beaucoup d’encre et de salives. Quoi qu’on fasse ou quoi qu’on dise, la machine est en marche. Pour l’Afrique, il s’agira de mettre en place une stratégie commune pour faire face à cette machine galopante. Soit on décide d’aller en rang dispersé et donc faire le choix de se faire massacrer un à un, soit nous conjuguons nos efforts pour rester forte et avoir un pouvoir décisionnel sur les événements en cours. Nous n’avons pas le choix ou du moins nous en avons un seul, l’union. Conscient de notre retard par rapport aux autres et de notre passé parsemé d’embûches, le degré d’impréparation de nos entreprises et la qualité peu reluisante de nos ressources humaines, l’union s’impose comme seule alternative possible pour survivre et faire face au rouleau compresseur de l’occident. La configuration actuelle nous enseigne de nous mettre ensemble, d’établir une politique commune et de permettre une spécialisation-pays pour exporter et profiter au maximum de notre vaste marché. L’Afrique, berceau de la famine, des maladies endémiques, du sous développement mais aussi l’Afrique, source de croissance mondiale et véritable enjeu géopolitique et géostratégique de ce 21e Siècle, doit se remettre en cause et sortir de ce cercle vicieux entretenu par ses fils. L’Afrique n’a point besoin de discours panafricanistes mais plutôt soif d’actes concrets et de volonté politique de la part de ses Etats. Conscient que l’union ne saurait se faire sans la mise en place de grands ensembles régionaux et sous régionaux, il incombe d’encourager les ouest africains à promouvoir la Cedeao et l’Uemoa cités en exemple par les africains eux-mêmes et à servir de modèles pour les autres parties de l’Afrique. Le nationalisme exacerbé ou le régionalisme doivent s’éteindre et laisser place à une vraie union ou le Malien pensera comme le sud africain, le zambien se souciera des intérêts du sénégalais ou encore mieux les algériens feront des intérêts des gabonais les leurs et ou l’union africaine sera à même de proposer une vision globale et largement bénéfique pour tous les africains. C’est peut être ça la solution ultime pour nous de pouvoir nous imposer sur le plan international, de faire face à la mondialisation et de réécrire une nouvelle page de notre histoire.
AKY
Le secteur agricole, notre atout
Les enseignements tirés de cette crise multidimensionnelle nous dictent un nouveau mode de pensée et d'agir. La mise à nue de notre réelle capacité, la précarité ahurissante de notre état et notre grande dépendance de l’extérieur nous ont ouvert les yeux sur un certain nombre de points qui se résument en une phrase : la main demandeuse est toujours en bas. Dans cette étape douloureuse de notre existence, nous avons pris la mesure de notre limite mentale de réflexion, d'action et de synthèse.
De l'indépendance à nos jours, nous avons fait du chemin, reste maintenant à savoir si les progrès significatifs enregistrés sont satisfaisants eu égard aux possibilités qui nous ont été réellement offertes et si nous avons utilisé de façon efficace et efficiente les ressources disponibles. Il est de coutume chez nous les maliens de faire des comparaisons, entre régimes sur la base des réalisations faites, non pas par rapport aux programmes et objectifs fixés par une équipe, mais plutôt par rapport à celles des prédécesseurs. Il ne suffira pas, par exemple, de comparer le taux de bancarisation ou d’électrification sous le régime d’ATT par rapport à celui d’AOK pour dire qui des deux (2) a effectivement apporté quelques choses à ce pays. Il s’agira plutôt de voir ce que le régime d’ATT devait faire comme réalisation compte tenu des ressources à sa disposition et des priorités du moment et faire également pareil pour les autres régimes. Quant à ma perception des bilans de différents régimes qui se sont succédés, je dirai que seul Modibo KEITA, le 1er président Malien a su avoir une vue d’ensemble cohérente sur notre société. Sa politique, basée sur l’autosuffisance alimentaire, a posé les jalons d’une vraie nation qui était appelée à se prendre en charge sans autres formes d’aides extérieures. Dans sa vision, une nation ne pouvait se permettre de taper la poitrine si les habitants n’avaient pas le minimum vital. Sa priorité s’est inscrit dans ce domaine précis et le résultat, on l’a bien vu. Un autre exemple typique demeure celui du feu Thomas SANKARA qui fût de l’autosuffisance alimentaire, sa pierre angulaire dans la construction d’un Etat respecté du Burkina Faso. Ces deux exemples pour signifier que la notion d’indépendance, pour nous comme pour beaucoup de pays africains, n’a de sens que si la priorité des priorités, l’autosuffisance alimentaire, est atteinte.
Dans ces 3 dernières décennies, Le Mali s’est métamorphosé avec la construction tout azimut des monuments, des voies bitumées, des échangeurs, des ponts, des immeubles, des villas qui poussent comme du champignon mais au finish, le problème fondamental est resté le même: l’autosuffisance alimentaire. L’embellissement d’une ville est, certes, intéressant mais l’autosuffisance reste le seul baromètre d’un mieux-être de la société. Un affamé ne peut pas admirer une voie bitumée ou un joyau architectural si son assiette demeure vide une semaine sur 3. Il est du devoir des autorités de savoir qu’un peuple affamé est susceptible de se révolter à tout moment et à mettre en mal toutes les avancées « significatives » par la destruction pure et simple des édifices nationaux, de casses de feux tricolores et l’instauration d’un climat d’insécurité généralisée.
Et pourtant, le Mali, pays à vocation agro pastorale, devrait se plaindre de tout sauf de l’autosuffisance alimentaire, ironie du sort. Il recèle d’importantes ressources en terres, eaux, cheptel, pâturage, flore et faune. L’économie malienne repose essentiellement sur le secteur agricole (agriculture, élevage, pêche et foresterie) qui occupe plus de 70% de la population active, contribue à hauteur de 43% au PIB et fournit 30% des recettes d’exportation. Si l’on s’en tient aux documents légaux mis à la disposition des citoyens, on est tenté de reconnaitre que le gouvernement donne la priorité absolue au secteur agricole. Mais détrompons-nous, toutes les lois, mesures et subventions ne sont, en réalité que des occasions offertes à une classe sociale d’accentuer leur domination sur le bas peuple. Ainsi, La Loi d’Orientation Agricole (LOA) qui vise l’affectation de 20% du budget national par an au secteur rural est une des lois promulguées par le régime d’ATT pour, dit on, pallier aux insuffisances du secteur mais qui se trouve être malheureusement l’un des moyens pour faire « brouter » certains camarades. De la promulgation de cette loi, ont été crées, le Fonds national de développement agricole, le Fonds national des risques et des calamités agricoles et le Conseil supérieur de l’Agriculture. Des structures dont l’efficacité ont été éprouvées à maintes reprises. Et si ce n’est que les agriculteurs dépendent de leur culture, on aurait assisté à une véritable grève dans ce secteur. Les maliens se souviendront également de l’échec prémédité de la fameuse initiative « riz », financée à coût de milliards et qui a permit à un certain nombre de personnes de bien remplir les poches. De la poudre aux yeux comme dirait l’autre. En réalité, les décaissements effectués pour le compte des paysans transitent dans un autre compte. Tout est détourné. Le citoyen lambda peut il se retrouver dans ces domaines bureaucratiques ou le responsable demeure sans contact formel avec les cibles et où les agents revendent les insecticides et autres produits destinés aux pauvres paysans ou encore mieux, le gouvernement décaisse des milliards au profit de quelques individus pendant que la masse souffre de faim? Les réalités du terrain nous enseignent que non. Le paysan ne voit que dalle. Il continue de louer la bienveillance de Dieu pour une saison pluvieuse bien remplie et espérer nourrir sa famille. Il faut que cela change et il est temps que le gouvernement prenne les mesures de ces dysfonctionnements qui mettent en mal l’avancée notoire de notre cher et si beau pays. De la croissance, nait le développement ; de l’autosuffisance nait la croissance et la modernisation du secteur agricole assure l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire. En d’autres termes, modernisons notre agriculture pour espérer le développement.
La modernisation de l’agriculture demeure pour les pays subsahariens comme le nôtre, un secteur important pour l’atteinte des objectifs du millénaire. L’office du Niger, un atout de taille, devrait être mis en valeur et occuper une place de choix dans tous les programmes qui nous seront présentés lors des élections prochaines. Il nous faut adopter une vision globale, en moyen et long terme, fondée sur le secteur agricole. Cette perspective nous mettra de concilier l’utile, la satisfaction des besoins alimentaires, constructions d’infrastructures scolaires et sanitaires, à l’agréable, mises en place des autres commodités non essentielles à la vie. Nous osons espérer que le nouveau président saura mettre en avant l’efficacité en lieu et place du snobisme.
AKY
L'homme africain, un vrai automate!
A l'école, j'ai appris sans le vouloir que l'Afrique, berceau de l'humanité est aussi berceau de la fatalité. Elle serait en phase de se transformer en vrai centre d’expérimentation et d’imposition de toutes les nouvelles politiques occidentales. Les formules enseignées ne sont pas à discuter mais à avaler et à vomir aux examens. Rien que ça. De la découverte de l’Amérique à la loi de la relativité d’Einstein en passant par les théorèmes de Pythagore et de Talles, je ne retiens qu’une chose, ces connaissances ne me serviront à rien sauf à remplir ma tête de futilité, à me donner l’impression que le diplôme décroché est la résultante de 2 décennies de dure labeur mais qui à bien regarder, constitue 2 décennies perdues à apprendre sur les autres et à préparer mon cerveau pour l’acceptation des normes préétablies. on m'a inculqué la notion du commerce international, de l'existence de l'OMC comme garant de la bonne marche des échanges internationaux. A ce qu'il parait, elle aurait établit des normes qui prennent en compte les spécificités de tous les continents et donc des pays membres. Mais ce dont on ne m’a jamais dit, ce sont justement les bases d'établissements de ces normes. Toutes mes interrogations me renvoyaient directement dans les bibliothèques et médiathèques ou je dois fouiller dans les bouquins, écrits par des non africains, qui se fondent sur des hypothèses et des théorèmes comme celui de Pythagore, formule tout faite que je dois, comme un automate, juste mémoriser. Un coup d'œil sur ces hypothèses ne permet pas non plus de satisfaire ma curiosité puisque l’auteur me fait balader de gauche à droite pour ensuite me coller en pleine figure un encadré avec les leçons à retenir.
Je me retrouve dans la case départ c'est à dire là ou le prof m'a laissé. Je mémorise les notions de base qui veulent qu'un pays ait intérêt à utiliser ses avantages comparatifs ou absolus, principe de D.Ricardo, un auteur anglais, pour mieux se positionner dans les échanges internationaux. Chaque pays doit se forger, concentrer ses efforts sur les produits qu'il estime produire à moindre coût et délaissés ceux dont le coût de production serait plus élevé. Ainsi, la balance commerciale serait plus ou moins excédentaire car, il exportera et importera en quantité, gagnerait en devises et ferait gagner d'autres pays également. Ainsi, l’économie internationale continue à tourner. Pour les pays qui auraient des difficultés à lancer la production, le FMI et la Banque Mondiale sont crées pour pallier à ces difficultés. Endettez-vous et laissez faire l’orthodoxie financière. Les fils et arrières petits fils continueront à payer après vous. Bref, cela m’a fait réfléchir à milles et une chose. Pour le cas spécifique du Mali, le secteur primaire constitue notre « avantage comparatif et absolu », nous exportons le brut vers les pays qui ont des avantages comparatifs de type industriel. Ils font le nécessaire c'est-à-dire produire le produit fini et nous les renvoyer plus cher. Si c’est ce qu’on appelle commerce international, je préfère faire mon joli boubou par mon vieux tisserand.
Dans ce schéma bien réfléchi, l'on ne voit pas le piège. Et pourtant il existe et visible pour tout le monde. La mondialisation, capitalisme à l’échelle mondiale qui prône la liberté de commercer, d'entreprendre ou même de se vendre, est une suite logique du système d'asservissement crée, entretenu et hélas encouragé par nos dirigeants. Seulement, pour les africains, ce serait cher demandé de nous remettre en cause et de reconnaitre que nous n’avons pas été sérieux. Combien de dirigeants africains ont signé des documents sans avoir pris le soin d’en mesurer la portée et d’analyser toutes les scenarios possible. Peut-on demander à un pays africain de nouer un partenariat win win avec un pays européen ? J’en doute fort et il serait inopportun également de demander à une entreprise malienne d’aller concurrencer une entreprise européenne chez elle ? Nos dirigeants ont permis de sauver des emplois en Europe et accentuer le chômage chez nous à travers le massacre perpétré sur nos PME/PMI. Nous ne sommes pas prêts pour ouvrir notre marché et quand je dis nous, je fais allusion à la sous région. Un certain nombre de préalable tel que l’intégration des marchés sous régionaux, l’adoption d’une politique économique et fiscale commune et la mise à niveau des entreprises sous régionales doivent être de mise si nous voulons espérer combattre le fléau du chômage des jeunes et donc de précarité dans nos pays. Dans la configuration actuelle, rares de nos entreprises peuvent tenir têtes aux multinationales et les moins performantes sont appelées soit à céder leur part de capital social, soit à disparaitre. Beaucoup préfèrent la 1ere option et nous ne pouvons pas les en vouloir. Nous avons regardé le train passé, apprécier les belles tenues des conducteurs, applaudir les voyageurs mais refuser de monter à bord. Maintenant, Il va falloir se décider, soit on ferme les yeux et on continue avec le système, chose que nous déconseillons fortement, soit nous tournons dos à tous ces marchands d’illusion et nous refondons le vrai socle de notre développement axé sur nos vraies réalités.
AKY
La contribution du financement bancaire à la croissance économique
L'un des premiers économistes à aborder la question de l'importance du secteur financier dans le développement d'une économie est Schumpeter (1911) qui observe : «on ne peut devenir entreprise qu'en ayant été préalablement un débiteur ». Il montre ici que l'accession à la croissance et au développement se réalise en grande partie par l'intermédiation des crédits bancaires.
Les modèles de libéralisation financière développés par McKinnon et Shaw (1973) estiment qu'on peut accroitre le niveau d'investissement interne en stimulant l'accumulation de l'épargne qui aboutit a un meilleur octroi des crédits et une incitation a la concurrence des institutions financières. De même le modèle de stock flux exposé par Godley et Cripps (1985) basé sur le circuit de la finance, de l'investissement et de l'épargne introduit la finance dans le processus de multiplication pour expliquer comment l'épargne est générée a travers la création des revenus. Ce modèle permet de développer une approche systématique du rôle des institutions de financement dans le processus de croissance économique ; ces institutions étant principalement des banques et des Institutions de Microfinances dans les pays d'Afrique Subsaharienne.
Au Mali, la fin des années 90 a été marquée par une croissance phenomenale du circuit financier avec la création, tout azimut, des structures de microfinances adaptées à nos réalités. Les banques étant considérées inaccessibles pour la majeure partie des citoyens dont le niveau d’activités ou de revenus tout simplement ne permettent pas d’adhérer aux principes sacro saints des banques. La réalité du terrain était telle que seules les structures de proximités dotées d’un mécanisme simple de dépôt et d’octroi de crédits pouvaient permettre aux couches les plus défavorisées de financer leur petite activité génératrice de revenus. Ce secteur, véritable moteur de développement, s’est cependant heurté à des difficultés considérables dans sa mise en œuvre. Si les premières caisses du secteur se sont faits une renommée, force est de remarquer que la plus part ont mis la clé sous le paillasson après quelques années d’activités. Les causes sont de plusieurs ordre et partagés entre les intervenants du secteur, les banques et SFD d’une part et d’autres part les clients sociétaires eux mêmes. Et comme à l’accoutumée au Mali, l’Etat, à travers la justice, se trouve à l’intersection de ces deux axes de causalité. L’observation analytique du destin fatal de l’un des pionniers du secteur à savoir la caisse Jemeni nous indique, à l’image des autres caisses en difficultés, que le manque de professionnalisme et/ou de sérieux des acteurs, agents de crédits, recouvrement, service juridique, constitue à lui seul plus de 60% des échecs, 20% pour les clients débiteurs et le reste aux dysfonctionnements de l’appareil judiciaire qui ne permet pas aux SFD d’user de toutes les voies de recours pour rentrer en possession de leur dû.
La difficulté majeure de nos SFD réside plus dans le volet « octroi de crédit» que dans le processus de dépôt et de retrait, plus simple d’utilisation. Succinctement, si les clients déposent et retirent facilement leur épargne, les difficultés d’accéder aux financements sont source d’acrobaties incessantes. En effet, la plus part des sociétaires se voient obligés de corrompre les agents de crédit pour avoir un financement et espérer ainsi financer leur activités. Cette corruption généralisée devenue légion dans la plus part de nos institutions rend ainsi l’étude du dossier de financement plus facile puisque l’agent en question fait fi de toutes les règles d’orthodoxie financière, d’étude de faisabilité et de rentabilité de l’activité ou pire de la garantie existentielle, gage de réduction du risque crédit. Le sociétaire ainsi financé, conscient donc des conditions d’emprunt ne manifestent que très peu de volonté non seulement de rentabiliser ce fond emprunté mais aussi et surtout le souci de rembourser le prêt. Il arrive, très souvent, de voir des dossiers de crédit mal ficelés et des contrats ou convention de prêt non signés. Des dossiers qui signifient que les SFD ne pourront donc pas faire valoir leur droit si toute fois le débiteur se montre de mauvaise foi. Dans le même ordre d’idées, les SFD disposent, généralement, d’un service interne de recouvrement qui, concoctent avec le débiteur des programmes de paiement assez insignifiants sans tenir compte de l’incidence de ces impayés sur le fonctionnement global de la structure. Ces agents, aussi corrompus que leurs collègues de crédit, proposent aux débiteurs le paiement d’une tranche, à eux encaissés, au détriment du remboursement de la créance et donc de mobilisation de fond pour une autre personne. Du lot, il se dégage des affaires pour lesquelles, le minimum de mesures est pris pour permettre aux SFD d’user des voies de recours c'est-à-dire la Justice. Cependant, que ne faut il pas voir dans ces juridictions quand on sait que certains débiteurs restent sous couvert soit des politiques, soit des magistrats eux-mêmes. L’absence d’un climat serein au niveau de nos tribunaux demeure un souci réel dans l’octroi des crédits par nos banques et SFD mais aussi dans l’attrait des investisseurs potentiels pour notre économie. Le phénomène est décriant et il urge de rendre à notre Justice un minimum de sérieux et de diligence dans les affaires commerciales. Un mauvais arrangement vaut bien qu’un bon procès, à t-on l’habitude d’entendre mais ce qui est épatant, c’est le fait de voir que cet adage ne concerne pas que le surplus de frais, d’enrôlement, de représentativité des avocats à la barre et encore moins du temps et des allez retours dans les tribunaux. Mais du fait que les affaires pendantes par devant les Tribunaux font l’objet d’un marchandage entre débiteur et Magistrat sensé rendre un jugement sur la base des documents contractuels et qui est de nature à pénaliser les créanciers c'est-à-dire les banques et SFD.
Il est évident qu’actuellement, le système financier spécialement les SFD devrait constituer un dispositif financier important de la lutte contre la pauvreté. L’accès au crédit et autres services financiers à coût abordable devrait avoir une incidence directe sur la régénération des revenus à travers la création d’activités et d’opportunités économiques. Mais les exigences liées à une gestion rigide, les taux élevés des crédits qui n’incitent à l’investissement, le manque de soutien de l’Etat pour circonscrire les risques spécifiques des SFD, les approches ne s’inspirant pas de stratégie locale de solidarité et de gestion de difficultés, sont entrain d’éloigner les SFD d’une grande catégorie de pauvres. Il y a lieu de faire une innovation dans le sens permettant aux SFD de financer des micros investissements avec une capacité d’assistance et de conseil en gestion à ces opérateurs pour la création d’emplois.
Il faut trouver un mécanisme permettant aux SFD de financer et d’apporter les appuis nécessaires à deux franches d’acteurs : les délaissés actuels à cause de leur extrême pauvreté « population à risque » et ceux pour lesquels il existe un besoin d’investissement à moyen et long terme. Une démarche nouvelle avec des moyens plus conséquents (révision du système de garantie, de taux, l’assistance sans ingérence) doit être mise en œuvre.
La rigueur et la maîtrise des charges de gestion doivent être strictement appliquées au sein des SFD. La banque malienne de solidarité du niveau national et la banque régionale de solidarité, ont été créées pour permettre de répondre à certaines insuffisances notamment le refinancement des SFD à coût abordable et aux privés de retrouver des possibilités d’un départ accompagné et une rentrée suivie dans le formel. A cet effet, une vraie synergie est nécessaire avec les SFD afin que ces nouvelles initiatives ne s’étouffent dans une autre réglementation contraignante. Il faut qu’il existe au niveau politique des actes concrets pour conférer aux structures de micro finance, la décentralisation soutenue du financement et préciser les différents moyens pour l’atteinte des objectifs fixés.
AKY