Le grin
Venez dans mon « grin »!!!!
Apres le boulot, rien de telle qu’une bonne détente autour d’un thé pour décompresser et échanger sur les nouvelles du pays. Ce regroupement très frisé dans nos sociétés constitue le lieu de rencontres ou s’entremêlent des personnes issues des couches socio professionnelles différentes, travailleurs, chômeurs, élèves ,étudiants, lettrés, illettrés, hommes et femmes . Si les politiques ont adopté la bonne habitude de se joindre aux jeunes, il est à déplorer le peu d’intérêts qu’ils en accordent une fois les élections finies ou du moins lorsqu’ils sont élus car, les perdants maintiennent toujours le contact en vue des prochaines élections ou ils pourront faire valoir cet avantage. Au menu des discutions, la crise que traverse le pays avec en toile de fond des critiques plus ou moins fondées sur la mollesse du pouvoir central à l’égard du mnla et les appréhensions sur la tenue des élections prévues au mois de Juillet.
Concernant la présence du mnla dans la 8e région, le constat est quasi identique. L’homme du «grin» ne comprend pas l’absence de l’armée dans cette région. Il a du mal à comprendre les raisons évoquées par son armée et refuse de comprendre la solution politique ç laquelle le Mali tente d’instaurer. Pour lui, il est inadmissible de s’asseoir à la même table que les membres du mnla d’autant plus que ces derniers se réclament non maliens et continuent à scander des slogans hostiles contre les maliens. Il estime naturellement que la haine n’engendre que la haine et le cercle vicieux entretenu par les racistes du mnla ne peut que donner naissance à une autre rébellion si l’Etat continue de prévaloir la carotte au détriment du bâton. Pour lui, il est inconcevable d’oublier ceux qui ont violé nos sœurs à Gao et Tombouctou, trainé le pays dans la boue et permit à un certain nombre d’organisations barbares de s’imposer et d’étaler leurs pratiques moyenâgeuses sur les paisibles citoyens du nord. Le citoyen lambda constate, avec amertumes, que l’Etat n’est complaisant qu’envers les groupes armés au moment ou lui, un simple faiseur de thé mais diplômé de la FSEG, cherche désespérément un stage de qualification. Il se demande s’il ne faille pas, lui aussi, réclamer le beledougou avec ces camarades du « grin » pour tirer l’attention de l’Etat sur son cas. Le pays ne peut pas continuellement accorder des faveurs à un groupuscule de personnes et oublier que de millions d’autres jeunes sont dans des conditions identiques ou souvent pire que celles dénoncées au nord. Les jeunes ne prennent pas du thé pour le plaisir de s’asseoir et papoter toute la journée. Ils veulent travailler pour ce pays et si l’Etat continue à privilégier les groupuscules armés, alors ne soyons pas étonnés que ces jeunes changent leur mode de revendication
Les élections sans Kidal, ils veulent pas entendre parler et n’entendent pas non plus écouter les candidats qui voudront aller dans ces conditions. Ils disent ne pas comprendre l’attitude des autorités qui agissent comme si un accord secret existait en haut lieu et que le citoyen en sera informé juste en temps voulu, probablement à l’ouverture des campagnes électorales. Pour ces amis du « grin », les préalables à savoir la sécurisation du pays, l’acheminement des matériels électoraux et la distribution de cartes électorales accusent un retard assez conséquent pour espérer organiser les élections dans les délais prévus….et/ou imposés. Autrement dit, ils restent sceptiques sur la bonne tenue des élections dans les régions non touchées ou libérées à plus forte raison dans celle de kidal ou un mouvement continue à renier la nationalité malienne.. De sebenikoro à Banakabougou en passant par hamdallaye et Daoudabougou, le citoyen lambda, faiseur de thé ou chauffeur de pousse-pousse, demande à l’Etat de ne pas mettre la charrue avant les bœufs.
Bref, l’homme de la rue parle aussi du Mali, des causes et effets de notre irresponsabilité ou du moins de leurs irresponsabilités car, il impute les erreurs aux autres, les gouvernants et oublie qu’il a contribué aussi, de par son choix électoral, son silence et son inactivité, à enfoncer le pays. Pour lui l’enfer, c’est les autres. Et pour ceux qui pensent qu’il faut un costume pour impressionner et se faire écouter pour les élections à venir, je me permettrai de vous en dissuader car ceci ne fera qu’énerver mon voisin, faiseur de thé.
AKY