Société
Quand l’indiscipline entre par la porte, le patriotisme sort par la fenêtre
Souvent, je me surprends en train de souhaiter une onde de choc pour le mali, un choc d’une intensité qui nous fera prendre conscience sur la nécessité de mettre la main sur l’éducation, valeur première, de notre société. Il est admis, par exemple, que l’école malienne soit à la traine dans un monde de plus en plus concurrentiel ou les ressources humaines constituent l’une des clés de réussite mais il est tout à fait ignoré que cela soit dû en grande partie par la dépravation de nos valeurs culturelles et culturales. L’enfant manifeste des lacunes incontestables et incontestées dans un établissement d’enseignement et on y voit, dans ce fait, qu'une totale démission des parents, une insuffisance accrue de formateurs en qualité et en quantité, des matériels didactiques obsolètes ou quasi inexistants, une volonté politique très politisée en ce sens que l’on se demande même si ces politiques veulent réellement sortir l’école malienne de ce trou. Bref, des pistes de solutions sont préconisées, des états généraux de l’enseignement, des séminaires et ateliers de formations, des commissions ad’hoc et j’en passe, organisés à tord et à travers et hélas, ces mesures demeurent à ce jour aussi inefficaces qu’inefficientes. Les pouvoirs politiques, les parents, le Corps enseignement, les partenaires sociaux et les PTF doivent juste savoir que l’école malienne est l’image de la société malienne : Elle a perdu ses repères.
Nous avions l’habitude de dire que les parents ont démissionné. En tenant de tels discours, on ne dédouane personne car, d’une manière ou d’une autre, que l’on soit Ministre, Directeurs ou même Président, nous sommes des parents d’abord. L’échec de notre école est intimement lié à l’échec de notre société et plus précisément de nos familles. Les valeurs culturelles et culturales bâties autour de la notion de respect des parents et des aînés étaient innés en chacun de nous et cela se voyait évidemment dans nos relations avec les personnes « étrangères » à la famille. Du boutiquier au blanchisseur du quartier en passant par les instituteurs, les surveillants, l’inconnu de passage, etc, l’enfant se devait de respecter tous les ainés. L’enfant appartenait à tous et chacun devait, un temps soit peu, veiller à son éducation et corriger (fouetter si possible) tout égarement ayant un préjudice morale sur la société. C’est dans ce climat que l’écolier apprenait à respecter l’instituteur, à se surpasser, à suivre et appliquer les conseils de cet autre « papa ». L’instituteur était le roi de sa classe. Tout partait de lui et tout revenait à lui. Il avait la charge d’éduquer (pas uniquement apprendre la langue de Molière), d’orienter et évidemment corriger l’enfant dès qu’il jugeait nécessaire de le faire. Ce qui se passait à l’école restait à l’école et mieux, l’élève se protégeait de sa famille en lui cachant les coups de fouets de l’instituteur. Qui de nous n’a jamais souffert dans le silence total, à soigner nos coups de blessures, à marcher droit devant le papa de peur qu’il ne découvre que l’instituteur nous a donnés quelques claques.
Aujourd’hui, le constat est catastrophique. L’enfant détient le pouvoir et figurez vous bien, aussi bien dans la famille qu’à l’école. Il fait tout ce qu’il veut et quand cela l’enchante et les parents, devenus entre temps des simples baby-sitters ne trouvent pas mieux que d’applaudir. Interdiction formelle aux instituteurs de punir, de corriger et même de porter un avis contraire à celui des parents. Il n’est rien et d’ailleurs, pour quelle raisons, conseillerait-il les enfants qui ne sont plus siens ? A force de répéter ces balivernes, l’enfant apprend à ne plus respecter cet homme, jadis, son autre papa. Pire, Il apprend à l’insulter, à le tabasser et ironie de l’histoire, à l'amadouer pour en faire un gentil « toutou » à la solde du papa. Ce même rejeton apprend ainsi à ne plus respecter ses ainés aussi bien en famille que dans le quartier. Il apprend à sécher les cours, à passer de « grin à grin », à fumer (Pas que la cigarette d’ailleurs), à boire, à draguer (ça aussi) et petit à petit à creuser sa tombe. Chers amis, regardez autour de vous. Nos enfants ont perdu toute notion de respect et hélas, plus on avance dans le temps, plus on se fait de cheveux blancs en pensant à l’avenir de ce pays. Peut on parler de respect envers la notion si l’on ne respecte pas les valeur qui incarnent la nation ? J’en doute fort.
J’ai perdu foi en ce pays, le jour ou des milliers de jeunes sont sortis pour agresser le président DT, ce vieux de 70 ans, dans ses bureaux à Koulouba et le tout, sous l’œil bienveillant des forces de l’ordre et …………de désordre. Et ces enfants se disent patriotes. Ils disent aimer ce pays, ils disent vouloir que les choses changent. Ils disent, enfin, que ce pays les revient de droit. Cepedant, ils oublient que le pays a manqué, dans un passé récent, d’hommes capables de le défendre. On ne peut pas prétendre à une chose qu’on n’a pas su défendre. Les ainés qui sont au pouvoir actuellement ont peut être volé, vendu, trahi et j’en passe, mais néanmoins, ils ont quelques choses que nous n’aurons peut être jamais : La baraka..
AKY
Vigiles, Unissez vous!
Au Mali, il est inconstatable de dire que le taux de chômage est très élevé et peu fiable. Il reflète très peu la réalité du terrain et explique mal les conséquences de cette hausse sur la vie professionnelle des jeunes maliens. En effet, convaincu de la rareté de l’emploi, les jeunes se laissent exploiter par n’importe qui et pour n’importe quoi allant jusqu’à accepter des salaires misérables et des couvertures sociales quasi inexistantes. Avoir un emploi au Mali relève d’un parcours de combattant surtout pour ceux qui n’ont aucun bras long et conséquence, en perdre un que l’on parvient à dénicher, enfin, est synonyme de suicide. Cette peur de perdre son emploi nous hante et renforce notre capacité évidente de résilience à travailler dans toutes les conditions. Si avant, le metier de gardiennage et/ou de surveillance était destiné aux moins instruits de la société, aujourd’hui, force est de constater que de plus en plus, ce sont les jeunes fraichement sortis de nos universités qui en constituent le gros de l’effectif. Ils sont nombreux à tenter leur chance dans les sociétés de gardiennage dont les critères de sélection sont plus souples par rapport à la bureaucratie, pour se « caser » et attendre de lendemains meilleurs. Mais qu’espérer mieux dans un pays comme le nôtre ou l’employabilité des jeunes demeure plus un instrument de campagne qu’un facteur politique majeur de croissance. Aussi, ayant compris la nécessité de ne compter que sur les compétences internes (c’est peut être la chance des non diplômés de ce secteur d’activité), les surveillants ont décidé de se battre pour l’amélioration de leurs conditions de travail conformément aux textes en vigueur en République du Mali.
En poste devant les ambassades, les entreprises privées et mêmes souvent dans les résidences des diplomates accrédités dans notre pays, ces hommes et femmes, réunis sous le vocable « gardiens », ont décidé de se faire entendre. Au sein de la G4S ou serait parti cette prise de conscience, Ils se démènent, depuis quelques mois, pour l’amélioration de leurs conditions de travail et entendent alerter les plus hautes autorités sur le traitement inhumain infligé par ces chefs d’entreprises. La législation malienne fixe le temps de travail à 8h par jour, ces vigiles en font au moins 12 h et travaillent 6/7 avec des salaires misérables et une couverture sociale quasi absente. La grille salariale oscillante entre 50 000 et 75 000 FCFA est loin d’être satisfaisante et les moyens matériels mis à leur disposition pour se prémunir des actes de vandalisme, inexistants. Cependant et comme je le disais un peu plus haut, Ils n’avaient pas d’autre choix que de s’y conformer et ronger les ongles en entendant que l’Etat puisse véritablement se pencher sur cette situation. C’est soit ce travail, soit le « grin ». Et que dire de leur condition de travail également ou la seule arme dont ils disposent demeure un bâton. Dans un pays ou le taux de banditisme est très élevé et ou le braquage se fait de plus en plus avec des armes à feu, ces gardiens sont laissés à leur propre sort. Ils sont en danger permanent et le minimum que l’on puisse faire, pour eux, serait de les rémunérer à concurrence de leur apport à la société, de leur assurer une bonne formation et instituer des primes de risque (Toute choses qui n’existent pas pour le moment).
Il est logique, en tant que jeune, de les aider dans ce combat noble qu’ils s’apprêtent à engager avec leur employeur, une société de droit britannique (si je ne me trompe pas). Présents dans la vie de chacun de nous, en famille ou dans notre cercle d’amis, ces jeunes souffrent le martyr et méritent notre accompagnement. Ils ne savent plus véritablement à quel saint se vouer pour sortir de cette lamentable situation. La frustration se mêlant à l’impuissance, ils méritent que soit constitué autour d’eux, un soutien sans faille de tous les jeunes maliens partageant les aspirations légitimes, droit à un logement décent, à la santé, à l’éducation pour soi, pour les enfants et pour la famille. Toute l’attention du gouvernement qui entend faire de l’employabilité des jeunes et de la lutte contre la corruption, les priorités de ces 5 prochaines années est sollicitée. Sont également sollicités tous les ambassades recourant aux services de ces jeunes afin de faire comprendre aux sociétés que les honoraires doivent profiter aux agents. La satisfaction client est une nécessité absolue pour toute entreprise et il va sans nul doute dire que leur soutien sera capital pour l’amélioration de la qualité de vie de ces personnes qui ont en charge leur sécurité. Et comme dans tout combat, il est primordial que les différents syndicats s’unissent et portent des doléances communes.
AKY
Le double visage de Bamako...
Si l’on se fie à la pyramide des besoins, une théorie élaborée à partir des observations réalisées dans les années 1940 par le psychologue Abraham Maslow sur la motivation, nous distinguons aisément trois catégories de maliens. Une première constituée des élus, des élites et des operateurs économiques (5%), une deuxième catégorie, intermédiaire, constituée de petits fonctionnaires, commerçants et autres débrouillards (15%) et enfin une troisième constituée de paysans et autres travailleurs informels (80%). Dans la première catégorie, la satisfaction des besoins 1 et 2 sont des acquis. Ces personnes cherchent à présent la satisfaction des besoins, de niveau 3 (l’appartenance), 4(la reconnaissance/l’estime) et 5 (la réalisation de soi). Et c’est ce qui explique leur forte présence dans l’échiquier politique et leur participation active aux nombreuses élections, présidentielle, législative et communale. En revanche, si la deuxième catégorie parvient quant à elle à joindre tant bien que mal les 2 bouts et donc à satisfaire plus ou moins leurs besoins psychologiques (se nourrir, se loger, se vêtir), la 3e catégorie, l’écrasante majorité, ne sait pratiquement pas qu’il existe des niveaux de besoins car, pour eux, la survie contre la faim demeure le seul combat qui vaille d’être mené. C’est à cette dernière catégorie de maliens que tous les politiciens font la cour au moment des élections en leur promettant les milles et une merveille, le ciel, la lune, les étoiles ou pour être plus honnête et pragmatique, un meilleur cadre de vie, propice, débarrassé de ordures, des odeurs nauséabondes, des structures sanitaires, des logements sociaux, bref, ils les font toujours rêver et ceci dans un seul but : satisfaire leurs besoins non essentiels.
Dans un pays ou le snobisme prend le dessus sur le réel, je ne suis pas tout à fait étonné que le gouvernement soit plus préoccupé par le renouvellement du parc automobile, la réfection du palais présidentiel et encore moins l’embellissement de la façade de la ville de Bamako en lieu et place des moyens plus simples de recasement des pauvres citoyens qui viennent d’assister à la destruction de leurs logements et la perte des leurs. La pluie diluvienne de ce mercredi 28 Aout et de ses conséquences, ô combien décriant, est une illustration parfaite de l’existence de 2 visages distincts de Bamako. Un plus attrayant qu’on offre aux hôtes et l’autre plus contrasté, invisible mais bien réel qu’on tente de camoufler. Cette journée restera longtemps gravée dans la mémoire collective des maliens comme le goutte d’eau de trop. Elle demeure pour nous, une occasion inouïe de rompre avec ce snobisme qui n’a que trop duré et qui appelle une réponse efficace et sincère dans nos futures politiques de développement. Il ne sert à rien de faire la promotion d’une ville en pleine expansion si le minimum n’est pas garanti à plus de 80% de ces habitants. On se rappelle des inondations de l’année passée, surpassée et même de 2009 et des innombrables interpellations que nous n’avons jamais cessé de répéter. Ils nous ont été servis des excuses bidon faisant état de l’indiscipline caractérisée des riverains à se conformer aux directives des autorités et des attributions anarchiques des parcelles à usage d’habitation de la part des municipalités. Mais ma question comme celle des autres bamakois ou plus spécifiquement des riverains est de savoir pourquoi l’Etat se fout toujours de notre Gueule ? Est il besoin de rappeler que les nombreuses dépenses inutiles, consommations d’énergies, bons d’essences, véhicules et autres, décorations, costumes, avion présidentiel et que sais-je encore, peuvent sauver des vies ? Non, je crois que nous n‘avons pas besoin de le rappeler. Ils le savent déjà.
J’inviterai volontiers nos actuels ministres et pourquoi pas les futurs dans ces bas quartiers ou la survie est un combat quotidien et la satisfaction des besoins fondamentaux, un mirage. Le parc automobile existe grâce à l’effort consenti par ses nombreux chefs de famille. Le président est logé à Koulouba au frais des contribuables. Les ministres volent en première classe, distribuent des bons d’essence, se paient du bon temps et tout ça grâce à nos contributions. Nous payons les impôts et taxes pour avoir un cadre de vie adéquat et non pour aider les ministres ou le président à faire du snobisme. Les hôtes de marque se limiteront au centre ville. Ils séjourneront dans les hôtels, 5 étoiles, ils se déplaceront à bord de V8 bien climatisés, ils vous rendront visite dans les bureaux feutrés de la cité ministérielle ou de Koulouba mais sachez que les images de l’ortm les feront voir le contraste que vous cherchez à dissimiler. Ils verront depuis leur écran plasma la situation déplorable de vos compatriotes et se demanderont, j’en suis sûr, si l’ortm ne fait pas de fiction à la hollywoodienne. Des images chocs, des scènes mortuaires, des agents dépassés de la protection civile, des femmes et enfants en larmes, des chefs de familles se tenant la tête, des maisons en ruine, des fauteuils et armoires flottant dans les eaux, bref, ils verront toutes les images que vous essayez de cacher. Alors, il est temps, vraiment temps, que vous descendiez du haut de votre building pour toucher du bois les réalités de vos concitoyens.
A bon entendeur…
AKY
L'autre face de la saison pluvieuse
Photo Amateur
Si la saison pluvieuse, qualifiée de bénédiction divine, est une source de réjouissance populaire, elle représente également une source d’inquiétudes et de stress pour les citadins du district de Bamako. En effet, nombreuses sont nos rues qui deviennent impraticables à cette saison du fait de l’absence des caniveaux de drainage d’eaux usées. Cette difficulté de ruissellement comportent des désagréments pour les citadins confrontés à la multiplication des points d’eaux usées, les accidents, les odeurs nauséabondes et j’en passe. Ces difficultés enregistrées concernent pratiquement tous les quartiers de bamako et demeurent un véritable casse tête pour nous qui devons en plus de la détérioration du cadre de vie affronter la prolifération des agents responsables du paludisme à savoir l’anophèle femelle.
Dans un pays ou le paludisme fait des ravages chaque année, il est quand même étonnant d’observer ce silence radio de la part des plus hautes autorités sur l’incapacité ou le manque de volonté des municipalités à prendre les choses en main. Il importe de rappeler que l’une des priorités de ces municipalités demeure l’amélioration du cadre de vie des administrés. Les campagnes électorales sont d’année en année axés sur cela mais aussi sur la transparence dans la gestion du foncier. Si ces discours ont tout le temps été tenus, dans la pratique, seule la deuxième activité constitue la motivation première des conseillers communaux. Et lorsqu’il s’agit de les interpeller, les élus se refugient derrière le manque de ressources financières et de volonté populaire des administrés à les aider dans les différentes politiques sanitaires proposées. Ces excuses sont quelques peu recevables mais il faudra reconnaitre que c’est aux élus tout d’abord de s’investir à instaurer un climat de confiance et de transparence dans leur gestion pour avoir l’adhésion de la population cible. Le problème n’est pas d’encourager les bénéficiaires à payer les taxes et autres cotisations mais réside plutôt dans la capacité des municipalités à développer une politique participative à travers d’une part la transparence dans la gestion des fonds récoltés sur la vente des parcelles et l’établissement des actes d’état civil et d’autre part sur les mécanismes de collecte des taxes municipales et des subventions ou legs reçus de l’extérieur.
L’impact du paludisme sur la croissance économique du Mali n’est pas assez déterminé. Cependant, une petite analyse permet de se faire une idée sur ses conséquences directes sur les ménages (coût de traitement) et l’Etat (la période d’invalidité des malades est une perte pour l’économie nationale). Pour un pays comme le nôtre, il serait plus pratique de lutter efficacement contre cette pandémie en commençant par la suppression des conditions favorisant la multiplication des agents pathogènes. L’assainissement en est une condition sine qua non. Dès lors que Les sensibilisations autour des moustiquaires ont montré leurs limites, il serait judicieux de réfléchir et adopter une approche plus directe et participative regroupant les agents sanitaires et assainissements, les élus locaux et les populations cibles. Un débat franc proposant des mesures adéquates ou à la limite prévoyant des investissements dans la construction de caniveaux, les latrines publiques, etc et le concours des différentes parties est plus utile que les campagnes audio-visuels sur l’utilisation des moustiquaires. Certes, Les moustiquaires, les insecticides ou voir les antis paludéens constituent une partie de la solution mais peu efficace quant on sait par exemple qu’un travail dans la prévention, moins couteux et plus efficace, est en notre portée. On me dira qu’il s’agit d’une mafia qui tire ses revenus de ce commerce et je veux bien le croire mais j’aimerai également que les administrés soient assez conscients de leur rôle et soient à même d’exiger des maires et des autorités centrales une série de mesures ferme dans la conduite des affaires publiques.
AKY