Vigiles, Unissez vous!
Au Mali, il est inconstatable de dire que le taux de chômage est très élevé et peu fiable. Il reflète très peu la réalité du terrain et explique mal les conséquences de cette hausse sur la vie professionnelle des jeunes maliens. En effet, convaincu de la rareté de l’emploi, les jeunes se laissent exploiter par n’importe qui et pour n’importe quoi allant jusqu’à accepter des salaires misérables et des couvertures sociales quasi inexistantes. Avoir un emploi au Mali relève d’un parcours de combattant surtout pour ceux qui n’ont aucun bras long et conséquence, en perdre un que l’on parvient à dénicher, enfin, est synonyme de suicide. Cette peur de perdre son emploi nous hante et renforce notre capacité évidente de résilience à travailler dans toutes les conditions. Si avant, le metier de gardiennage et/ou de surveillance était destiné aux moins instruits de la société, aujourd’hui, force est de constater que de plus en plus, ce sont les jeunes fraichement sortis de nos universités qui en constituent le gros de l’effectif. Ils sont nombreux à tenter leur chance dans les sociétés de gardiennage dont les critères de sélection sont plus souples par rapport à la bureaucratie, pour se « caser » et attendre de lendemains meilleurs. Mais qu’espérer mieux dans un pays comme le nôtre ou l’employabilité des jeunes demeure plus un instrument de campagne qu’un facteur politique majeur de croissance. Aussi, ayant compris la nécessité de ne compter que sur les compétences internes (c’est peut être la chance des non diplômés de ce secteur d’activité), les surveillants ont décidé de se battre pour l’amélioration de leurs conditions de travail conformément aux textes en vigueur en République du Mali.
En poste devant les ambassades, les entreprises privées et mêmes souvent dans les résidences des diplomates accrédités dans notre pays, ces hommes et femmes, réunis sous le vocable « gardiens », ont décidé de se faire entendre. Au sein de la G4S ou serait parti cette prise de conscience, Ils se démènent, depuis quelques mois, pour l’amélioration de leurs conditions de travail et entendent alerter les plus hautes autorités sur le traitement inhumain infligé par ces chefs d’entreprises. La législation malienne fixe le temps de travail à 8h par jour, ces vigiles en font au moins 12 h et travaillent 6/7 avec des salaires misérables et une couverture sociale quasi absente. La grille salariale oscillante entre 50 000 et 75 000 FCFA est loin d’être satisfaisante et les moyens matériels mis à leur disposition pour se prémunir des actes de vandalisme, inexistants. Cependant et comme je le disais un peu plus haut, Ils n’avaient pas d’autre choix que de s’y conformer et ronger les ongles en entendant que l’Etat puisse véritablement se pencher sur cette situation. C’est soit ce travail, soit le « grin ». Et que dire de leur condition de travail également ou la seule arme dont ils disposent demeure un bâton. Dans un pays ou le taux de banditisme est très élevé et ou le braquage se fait de plus en plus avec des armes à feu, ces gardiens sont laissés à leur propre sort. Ils sont en danger permanent et le minimum que l’on puisse faire, pour eux, serait de les rémunérer à concurrence de leur apport à la société, de leur assurer une bonne formation et instituer des primes de risque (Toute choses qui n’existent pas pour le moment).
Il est logique, en tant que jeune, de les aider dans ce combat noble qu’ils s’apprêtent à engager avec leur employeur, une société de droit britannique (si je ne me trompe pas). Présents dans la vie de chacun de nous, en famille ou dans notre cercle d’amis, ces jeunes souffrent le martyr et méritent notre accompagnement. Ils ne savent plus véritablement à quel saint se vouer pour sortir de cette lamentable situation. La frustration se mêlant à l’impuissance, ils méritent que soit constitué autour d’eux, un soutien sans faille de tous les jeunes maliens partageant les aspirations légitimes, droit à un logement décent, à la santé, à l’éducation pour soi, pour les enfants et pour la famille. Toute l’attention du gouvernement qui entend faire de l’employabilité des jeunes et de la lutte contre la corruption, les priorités de ces 5 prochaines années est sollicitée. Sont également sollicités tous les ambassades recourant aux services de ces jeunes afin de faire comprendre aux sociétés que les honoraires doivent profiter aux agents. La satisfaction client est une nécessité absolue pour toute entreprise et il va sans nul doute dire que leur soutien sera capital pour l’amélioration de la qualité de vie de ces personnes qui ont en charge leur sécurité. Et comme dans tout combat, il est primordial que les différents syndicats s’unissent et portent des doléances communes.
AKY
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