Le double visage de Bamako...
Si l’on se fie à la pyramide des besoins, une théorie élaborée à partir des observations réalisées dans les années 1940 par le psychologue Abraham Maslow sur la motivation, nous distinguons aisément trois catégories de maliens. Une première constituée des élus, des élites et des operateurs économiques (5%), une deuxième catégorie, intermédiaire, constituée de petits fonctionnaires, commerçants et autres débrouillards (15%) et enfin une troisième constituée de paysans et autres travailleurs informels (80%). Dans la première catégorie, la satisfaction des besoins 1 et 2 sont des acquis. Ces personnes cherchent à présent la satisfaction des besoins, de niveau 3 (l’appartenance), 4(la reconnaissance/l’estime) et 5 (la réalisation de soi). Et c’est ce qui explique leur forte présence dans l’échiquier politique et leur participation active aux nombreuses élections, présidentielle, législative et communale. En revanche, si la deuxième catégorie parvient quant à elle à joindre tant bien que mal les 2 bouts et donc à satisfaire plus ou moins leurs besoins psychologiques (se nourrir, se loger, se vêtir), la 3e catégorie, l’écrasante majorité, ne sait pratiquement pas qu’il existe des niveaux de besoins car, pour eux, la survie contre la faim demeure le seul combat qui vaille d’être mené. C’est à cette dernière catégorie de maliens que tous les politiciens font la cour au moment des élections en leur promettant les milles et une merveille, le ciel, la lune, les étoiles ou pour être plus honnête et pragmatique, un meilleur cadre de vie, propice, débarrassé de ordures, des odeurs nauséabondes, des structures sanitaires, des logements sociaux, bref, ils les font toujours rêver et ceci dans un seul but : satisfaire leurs besoins non essentiels.
Dans un pays ou le snobisme prend le dessus sur le réel, je ne suis pas tout à fait étonné que le gouvernement soit plus préoccupé par le renouvellement du parc automobile, la réfection du palais présidentiel et encore moins l’embellissement de la façade de la ville de Bamako en lieu et place des moyens plus simples de recasement des pauvres citoyens qui viennent d’assister à la destruction de leurs logements et la perte des leurs. La pluie diluvienne de ce mercredi 28 Aout et de ses conséquences, ô combien décriant, est une illustration parfaite de l’existence de 2 visages distincts de Bamako. Un plus attrayant qu’on offre aux hôtes et l’autre plus contrasté, invisible mais bien réel qu’on tente de camoufler. Cette journée restera longtemps gravée dans la mémoire collective des maliens comme le goutte d’eau de trop. Elle demeure pour nous, une occasion inouïe de rompre avec ce snobisme qui n’a que trop duré et qui appelle une réponse efficace et sincère dans nos futures politiques de développement. Il ne sert à rien de faire la promotion d’une ville en pleine expansion si le minimum n’est pas garanti à plus de 80% de ces habitants. On se rappelle des inondations de l’année passée, surpassée et même de 2009 et des innombrables interpellations que nous n’avons jamais cessé de répéter. Ils nous ont été servis des excuses bidon faisant état de l’indiscipline caractérisée des riverains à se conformer aux directives des autorités et des attributions anarchiques des parcelles à usage d’habitation de la part des municipalités. Mais ma question comme celle des autres bamakois ou plus spécifiquement des riverains est de savoir pourquoi l’Etat se fout toujours de notre Gueule ? Est il besoin de rappeler que les nombreuses dépenses inutiles, consommations d’énergies, bons d’essences, véhicules et autres, décorations, costumes, avion présidentiel et que sais-je encore, peuvent sauver des vies ? Non, je crois que nous n‘avons pas besoin de le rappeler. Ils le savent déjà.
J’inviterai volontiers nos actuels ministres et pourquoi pas les futurs dans ces bas quartiers ou la survie est un combat quotidien et la satisfaction des besoins fondamentaux, un mirage. Le parc automobile existe grâce à l’effort consenti par ses nombreux chefs de famille. Le président est logé à Koulouba au frais des contribuables. Les ministres volent en première classe, distribuent des bons d’essence, se paient du bon temps et tout ça grâce à nos contributions. Nous payons les impôts et taxes pour avoir un cadre de vie adéquat et non pour aider les ministres ou le président à faire du snobisme. Les hôtes de marque se limiteront au centre ville. Ils séjourneront dans les hôtels, 5 étoiles, ils se déplaceront à bord de V8 bien climatisés, ils vous rendront visite dans les bureaux feutrés de la cité ministérielle ou de Koulouba mais sachez que les images de l’ortm les feront voir le contraste que vous cherchez à dissimiler. Ils verront depuis leur écran plasma la situation déplorable de vos compatriotes et se demanderont, j’en suis sûr, si l’ortm ne fait pas de fiction à la hollywoodienne. Des images chocs, des scènes mortuaires, des agents dépassés de la protection civile, des femmes et enfants en larmes, des chefs de familles se tenant la tête, des maisons en ruine, des fauteuils et armoires flottant dans les eaux, bref, ils verront toutes les images que vous essayez de cacher. Alors, il est temps, vraiment temps, que vous descendiez du haut de votre building pour toucher du bois les réalités de vos concitoyens.
A bon entendeur…
AKY
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