Unis, nous vaincrons!!!
Réduite en simple spectatrice et confortée dans sa position de victime par ses fils et filles, l’Afrique demeure encore et comme toujours le seul continent à dévoiler les effets pervers des politiques de redressement ou de relance économique. On se rappelle des programmes d’ajustement structurels conçus dans les années 80 par la banque mondiale et le FMI disait on pour aider les pays africains à redresser leur économie, promouvoir la croissance et encourager l’investissement. Ces programmes se justifiaient par l’incapacité des pouvoirs politiques africains à mettre en place des structures aptes à assurer l’efficacité et l’efficience des ressources, à eux empruntés par les partenaires bilatéraux et multilatéraux. Ces fonds, il faut le rappeler, servaient plutôt à asseoir la domination voir l’enrichissement d’un groupuscule de dictateurs qu’à aider la masse populaire réduite dans la précarité totale. L'Afrique brillait également par de longues années de mauvaise gestion se traduisant entre autres par un déséquilibre entre charges de production ou de maintien élevées et produits d’exploitation plus ou moins nuls. Il apparaissait nécessaire de réduire considérablement les charges des Etats, dresser la santé financière des entreprises et proposer, si possible, une privatisation des entreprises. Selon les rapports, Les budgets nationaux alloués à l’éducation et à la santé étaient énormes. Ces chiffres n’étaient que bidon car, en réalité la part des détournements dans ce poste des dépenses était telle que le citoyen ne percevait que moins de 10% du montant annoncé. Cependant, La rigueur budgétaire n’a pas tenu compte des incidences que cela aurait sur la vie des africains. Bien que subsistait un détournement de fond, la situation était plus reluisante avant qu’après. Les conséquences sociales ont été très peu prises en compte et le niveau de vie s’est plutôt dégradé de manière significative. La réduction des budgets alloués à l’éducation et à la santé ont fermé l’accès aux services de publics essentiels à une majorité de gens. Des millions de personnes ont été reléguées dans la précarité de l’économie informelle, privées de protection sociale et obligées de vivre, ou plutôt de survivre, de revenus aussi maigres qu’aléatoires. Bref, si ces politiques visaient une meilleure efficacité dans la gestion des fonds empruntés et une meilleure redistribution des richesses créées, l’on est tenté de penser que l’objectif final recherché était de préparer la transition vers le capitalisme. Ces programmes ont signé l’entrée de l’Afrique dans le monde capitaliste et sans y être véritablement préparée, elle se devait se battre pour survivre.
Trois décennies plus tard, le constat est catastrophique. L’impression qui s’en dégage donne des frissons et l’on se demande réellement s’il y au eu évolution, stagnation ou régression. Tout compte fait, l’Afrique cogite encore et ne donne pas l’assurance d’avoir bien appris des erreurs du passé. Le problème ne se situe pas forcement ailleurs. Il est purement africain et il le demeurera ainsi si nous prenions conscience que dans le monde capitaliste, la règle est simple. Chacun ses intérêts, chacun ses méthodes et chacun pour soi, Dieu pour tous. L’UE ou les USA continueront à défendre les intérêts respectifs des européens et des américains et si cela passe par la balkanisation de l’Afrique, des guerres fratricides ou tout simplement la corruption, ils ne se gêneront pas. A l’UA de se battre alors pour sauvegarder les intérêts des africains. Au moment ou les frontières tendent à disparaitre et la concurrence de plus en plus rude, les africains assistent impuissamment à l’envahissement de leur marché par les multinationaux. Si les spécialistes expliquent ce fait par l’incapacité de l’Afrique à rendre plus performantes ses entreprises, il n’en demeure pas moins que les causes, les véritables, sont à rechercher dans l’Afrique politique, instrumentalisée et mise en mal par des années de choix issus des hommes politiques extérieures à l’Afrique. Certes la faible capacité à se doter d’entreprises compétitives et d’hommes valables capable de dessiner les contours d’une politique économique propre et viable constitue une partie des explications mais une analyse profonde nous enseigne que celle-ci trouve également son explication dans sa gestion politique. De notre point de vue, l’imposition et l’encouragement des régimes, pourris et néfastes, constituent la racine de nos maux. Ce sont les régimes africains qui tuent nos entreprises au profit des multinationaux. Ce sont eux qui négocient des accords économiques visant à nous maintenir dans cette dépendance chronique et ce sont les mêmes qui seront toujours élus car, faisant bien le jeu des autres. L’expression du peuple étant ignoré, de principes tels la bonne gouvernance, la démocratie et le respect des droits humains sont à cultiver et à promouvoir pour prendre en compte les aspirations des gouvernés et à créer un cadre réglementaire compétitif pour nos entreprises. Les résultats négatifs et les accords économiques importants et largement désavantageux pour nos entreprises tirent leur source dans l’absence de ces principes. Nous trouverons la solution à nos problèmes si la transparence dans nos choix politiques se matérialise aisément et si nous décidions sur la base de mérite de confier notre destinée aux personnes qui incarnent cette vision. Il faut laisser le soin aux africains de choisir leurs élites et d’exprimer leurs besoins sans aucune interférence. Le peuple doit se réveiller et batailler dur pour se faire entendre. L’éducation au sens large s’impose comme la pierre angulaire de ce changement. Instaurer des programmes propres aux réalités africaines est une nécessité et une condition sine qua non pour un éveil de consciences civique et moral. Le simple fait de se savoir en retard est déjà une victoire en soi et cela doit être dit aux écoliers. Que la nouvelle génération sache réclamer ses droits est déjà une bonne chose mais qu’elle soit également consciente de ses devoirs. Ces préalables nous permettront d’avoir de citoyens libre à l’échelle nationale mais aussi des panafricanistes convaincus ayant une vision similaire à celle des pères fondateurs de nos nations qui se sont illustrés par leur mode de pensée.
La mondialisation a fait couler beaucoup d’encre et de salives. Quoi qu’on fasse ou quoi qu’on dise, la machine est en marche. Pour l’Afrique, il s’agira de mettre en place une stratégie commune pour faire face à cette machine galopante. Soit on décide d’aller en rang dispersé et donc faire le choix de se faire massacrer un à un, soit nous conjuguons nos efforts pour rester forte et avoir un pouvoir décisionnel sur les événements en cours. Nous n’avons pas le choix ou du moins nous en avons un seul, l’union. Conscient de notre retard par rapport aux autres et de notre passé parsemé d’embûches, le degré d’impréparation de nos entreprises et la qualité peu reluisante de nos ressources humaines, l’union s’impose comme seule alternative possible pour survivre et faire face au rouleau compresseur de l’occident. La configuration actuelle nous enseigne de nous mettre ensemble, d’établir une politique commune et de permettre une spécialisation-pays pour exporter et profiter au maximum de notre vaste marché. L’Afrique, berceau de la famine, des maladies endémiques, du sous développement mais aussi l’Afrique, source de croissance mondiale et véritable enjeu géopolitique et géostratégique de ce 21e Siècle, doit se remettre en cause et sortir de ce cercle vicieux entretenu par ses fils. L’Afrique n’a point besoin de discours panafricanistes mais plutôt soif d’actes concrets et de volonté politique de la part de ses Etats. Conscient que l’union ne saurait se faire sans la mise en place de grands ensembles régionaux et sous régionaux, il incombe d’encourager les ouest africains à promouvoir la Cedeao et l’Uemoa cités en exemple par les africains eux-mêmes et à servir de modèles pour les autres parties de l’Afrique. Le nationalisme exacerbé ou le régionalisme doivent s’éteindre et laisser place à une vraie union ou le Malien pensera comme le sud africain, le zambien se souciera des intérêts du sénégalais ou encore mieux les algériens feront des intérêts des gabonais les leurs et ou l’union africaine sera à même de proposer une vision globale et largement bénéfique pour tous les africains. C’est peut être ça la solution ultime pour nous de pouvoir nous imposer sur le plan international, de faire face à la mondialisation et de réécrire une nouvelle page de notre histoire.
AKY
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