Soyons vigilants!
Des séminaires aux ateliers en passant par les programmes décennales ou triennales dont les rapports pullulent nos administrations, nous avons pensé à un moment donné que l’Etat avait réellement pris le « train », qu’il s’était fait, enfin, une vision globale et stratégique sur l’environnement, en perpétuelle évolution, et qu’il allait s’y conformer à travers des prises de positions claires, de politiques de développement viables et réalistes, des partenariats stratégiques efficaces et largement avantageux et des mises à niveaux de nos textes législatifs et réglementaires. Hélas, ce n’était que de la poudre aux yeux. En réalité, si la superstructure offrait cette vision d’un Mali, debout et en marche vers le progrès, la structure, elle, se décomposait, inlassablement, et se fragilisait d’années en années et ceci par la faute des élites mais aussi et surtout de l’ignorance et du manque d’intérêt de la jeunesse pour la chose publique.
Ce pays, nous ne cesserons jamais de le dire, a toujours été une affaire de clans. Le mode de gestion s’apparente à celui de la trajectoire d’un aveugle qui consiste à palper le terrain, avec le bâton, pour y déceler les obstacles, les éviter et se renfermer dans des considérations religieuses et/ou occultes pour justifier un événement aléatoire susceptible de l’atteindre. La politique, quant à elle, se résumerait à un « chacun pour soi, Dieu pour Tous » et le Mali, dans les discours, l’enrichissement dans la pratique.
Aussi, au moment ou on s’achemine tout bonnement vers l’étape la plus difficile de résolution du conflit à savoir la phase de sécurisation et la sauvegarde de nos prérogatives en tant qu’Etat Nation face aux atermoiements de l’ONU, il serait opportun d’interpeller le gouvernement de transition, s’assurer que la mission, à lui confiée, est bien menée et répond à l’aspiration du peuple. Il est temps car, les signaux que nous captons de par et d’autres ne sont guère satisfaisants. Et aux dernières nouvelles, le pays serait toujours à la croisée des chemins.
Le gouvernail vacille au gré du rapport de force entre d’une part les vieux et jeunes du gouvernement et d’autre part entre le gouvernement et la communauté internationale. Si hier nous reprochions aux régimes précédents, une gestion catastrophique du pays basé sur un pilotage à vue et qui excluait, par conséquent toute vision stratégique à court, moyen et long terme, force est de reconnaitre qu’aujourd’hui les mêmes pratiques continuent inlassablement. Incapable de tenir un discours cohérent et constructif, les autorités actuelles donnent l’impression de ne pas être maître de leur destin ou de ne pas savoir ce qui serait meilleur pour nous et préfèrent laisser la main aux « autres » de décider de ce qui serait « avantageux » et « correcte » pour le peuple malien. Nous le voyons quotidiennement et pas besoin d’un œil extérieur pour nous dire que ce gouvernement ne maitrise que dalle. Il ne peut rien faire sans l’aval des « autres ». Il n’est pas dit non plus que nous devrions être « ingrats » envers ceux qui nous ont aidés, loin de là, il s’agit simplement de se rappeler que nous sommes là parce que ces mêmes « autres » l’ont voulu avec certainement l’aide de nos personnages, « intellectuels » et/ou politiques. Rien à changer et rien ne changera tant que le peuple sera maintenu dans l’obscurantisme totale avec des mesures telles la mise à sac de l’école et l’Etat d’urgence qui vient d’ailleurs d’être prolongé.
Le dernier communiqué ne mentionne nullement la durée de ce prolongement mais selon certaines indiscrétions, il prendra fin en Juin, tout juste avant les campagnes électorales. Pour quel dessein ? Facile de le deviner. On nous prive juste de possibilités de contester quoi que ce soit et de prendre pour comptant, frustré ou pas, d’accord ou pas, toutes les décisions qui seront prises dans les jours à venir. L’objectif étant, dit-on, d’organiser ces élections vaille que vaille et qui nous donneront un président plus « légitime ». Est ce donc à dire que l’actuel président, constitutionnellement nommé, ne l’est pas ? J’en doute fort mais si lui-même a pu accepter le rôle de marionnette qu’on lui colle à tord ou à raison, il serait hasardeux de tenir des élections précipitées et bâclées dont l’issue, connue d’avance, risque de nous donner un autre président moins légitime. Encore une fois, il est préférable de se poser des questions sur le dessein inavoué de ceux qui ont intérêt à voir le Mali sombré d’avantage et qui, pour cela, nous feront douter même de la couleur de notre drapeau ou de la teneur de notre hymne nationale.
Nous avons souffert de la mal gouvernance de ces dernières années mais s’il faudra continuer dans cette médiocrité et y ajouter en plus, la mise sous tutelle de notre si grand pays, il convient de se poser un certain nombre de questions. La crise nous a affectés énormément et au-delà des aspects socio économiques et culturel, la conscience collective s’est trouvée ébranler. Le sentiment de honte et de mépris de soi, concocté sur mesure et inséré dans notre subconscient nous fait douter et certainement biaiser notre jugement. Il nous faudra beaucoup de rigueur et de sérieux pour renverser la tendance et démontrer que nous valons mieux et prouver, par conséquent, que ce peuple est fort. La seule motivation qui nous a permis de tenir jusqu’ici, c’était cette chance inouïe que le destin nous offrait de repartir sur de nouvelles bases. Nous ambitionnons de repartir sur de bases plus saines et de construire un nouveau Mali, fier de ses origines, conscient des défis à relever et résolument tourné vers l’édification d’une société plus juste et équitable pour ses fils et filles. C’est pourquoi, il urge de ne pas nous laisser berner par un groupuscule de personnes qui continuent de privilégier le « Moi » au détriment du « Nous ». Tous nos malheurs viennent de cette approche égoïste et ce ne serait que pure fantasme d’attendre un changement de la part de ces vautours de la République si nous, le peuple ne faisons rien pour mettre des personnes qu’il faut à la place ou il faut et choisir le timing adéquat pour ce changement.
AKY
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