Futur Maliba

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L’école malienne, quelles solutions ?

 

Les générations sacrifiées de l’école malienne n’ont pas encore fini de faire parler d’elles. L’origine de la crise remonte au soulèvement populaire ayant entrainé la chute du régime totalitaire de Moussa Traoré et l’adoption du multipartisme. Le brin d’espoir, suscité par l’instauration d’un système dit démocratique avec l’adoption d’une nouvelle constitution et l’organisation des élections, constituait une source de réjouissance des jeunes scolaires qui étaient à la base de cette révolution. Le nouveau président, enseignant de formation, était source d’espoir pour bon nombre de maliens qui aspirait à une société juste et équitable ou l’expression de la liberté, la Justice sociale, l’autosuffisance alimentaire, l’éducation, etc. allait, enfin, être une réalité au Mali.

 

L’avènement de la démocratie faisait parti d’un processus global de libéralismes, politique et économique, enclenché par le programme d’ajustement structurel du Fmi et de la banque mondiale.  Ces PAS visaient, nous dit-on, à aider les africains à honorer leurs engagements vis-à-vis des créanciers. Il convenait donc de réduire les charges de fonctionnement et de se débarrasser des entreprises non rentables. Ce désengagement progressif de l’Etat dans la sphère économique au profit des investisseurs privés, nationaux et étrangers, devait permettre une plus grande efficacité et efficience de ses entreprises et mettre ainsi les jalons d’un véritable développement. Il y a eu des licenciements massifs, des pères de famille qui se sont retrouvés du jour au lendemain confrontés à la dure réalité du chômage.  La démocratie était donc une étape à franchir et en la matière, rappelons qu’avant le soulèvement populaire au Mali, le président Traoré, à l’instar des autres présidents africains, subissaient d’ores et déjà des pressions extérieures pour l’adoption du multipartisme. Certains soutiennent d’ailleurs, à tord ou à raison,  que les élèves et étudiants de l’AEEM ont été instrumentalisés dans le seul but de fléchir le régime de Moussa qui résistait tant bien que mal à ces pressions.  Si le libéralisme était, à mon sens, bien pensé, ses conséquences liées à l’exagération des premiers libéraux maliens restent toujours perceptibles à travers l’école et l’administration maliennes. Le laisser aller, le laisser faire a été mal compris et s’est petit à petit transformé en anarchie pour le grand bonheur de ceux qui entendent maintenir leur domination sur nous.

 

L’histoire nous enseigne que  l’année 91 fut le point de départ de la chute de l’école malienne. On peut donc dire sans risque de se tromper que la chute de Moussa donc l’avènement du libéralisme politique s’est conjuguée avec la descente en enfer de l’école malienne. Il ne pouvait pas en être autrement puisque ceux qui sont venus après voyaient en elle un ennemi de taille à neutraliser. Les politiques ont toujours pris le dessus sur les militaires. Ils sont plus méthodiques, plus souples et mieux avertis. Du libéralisme politique, nous nous sommes retrouvés au libéralisme économique avec un désengagement partiel de l’Etat malien de la sphère économique mais ironie du sort, un total retrait de ses obligations régaliennes dont l’éducation. Faire d’une pierre, deux coups, tel a été le principe adopté par le premier régime de l’ère démocratique. Le président-enseignant trouvait son compte dans la mesure où l’école perdait sa vocation, ou le citoyen lambda arrêtait de réfléchir, ou le malien arrêtait d’être soucieux du bien être de la société. Les démocrates avaient trouvé un moyen judicieux de se remplir pleins les poches en faisant « brouter » tout le monde. Dorénavant, en plus du libéralisme politico-économique, les maliens venaient de découvrir le libéralisme comportemental ou l’anarchie au sommet de l’Etat avait trouvé des ramifications dans toutes les administrations et bien sûr dans le secteur de l’éducation.

 

S’il ya bien une cause profonde dans l’échec de l’école malienne, c’est sans doute la liberté donnée à n’importe qui d’ouvrir une école privée. Le régime des enseignants puisqu’il faut l’appeler ainsi, devait brouter comme les autres maliens. Et quoi de plus normal de le faire dans le secteur que l’on connait le mieux, l’éducation. Il fut institué un mode de pensée selon laquelle les investissements à consentir pour satisfaire les besoins en termes d’éducation étaient au dessus des moyens de l’Etat. L’alternative fut donc d’inciter les investisseurs nationaux de s’immiscer dans cette brèche afin de satisfaire le besoin croissant à travers la construction d’écoles, le recrutement d’enseignants et la détermination des besoins de formation proprement dits.   L’Etat démissionna pour le grand plaisir des hommes d’affaires qui n’étaient rien d’autres que les amis, connaissances et parents des cadres du régime. Les parents d’eleves n’ont pas fait mieux non plus puisqu’étant trop occupés à jouir de la liberté (de voler) retrouvée. Tout le monde a fermé les yeux sur la mise à sac de l’école au profit d’un clan mafieux dont l’objectif n’était rien d’autres que de trouver des astuces pour le décaissements des fonds au niveau des trésors. La recherche de gain facile à travers d’une part les subventions octroyés par l’Etat me permet aujourd’hui de dire que le secteur de l’éducation demeure le moyen le plus rapide de se faire pleins les poches. Les promoteurs ne prennent même plus le soin de construire des locaux aptes à recevoir les élèves, ni même à chercher des enseignants de métier pour les offrir des connaissances de base. Il suffit juste d’avoir un contact au ministère de l’éducation, connaitre quelques jeunes recalés dans nos universités souvent des anciens élèves qui ont échoué 5 fois au bac et d’avoir une location, sans eau, ni électricité, pour créer son école.  L’instauration d’un système d’évaluation peu conventionnel avec des notes « sexuellement » transmissibles a finit par créer des élèves insouciants, indisciplinés et donc forcement des citoyens de demain n’ayant aucune formation académique, n’en parlons pas de formations morale et civique. En d’autres mots, l’Etat a démissionné en laissant un secteur aussi important pour le développement d’un jeune Etat comme le nôtre. Les milliards de FCFA décaissés chaque année pour rémunérer ces promoteurs pouvaient servir à financer ces investissements, assurer la qualité de l’enseignement par la formation et le recyclage des enseignants et la recherche d’un programme apte à satisfaire les besoins du moment. En voulant garder la main sur les richesses de ce pays et inhiber toute forme de  revendications par le maintien des jeunes dans l’ignorance et le gain facile, le régime d’Alpha Oumar Konaré a finit par sacrifier l’école malienne et son successeur n’a fait que l’enterrer.

 

Je me hasarde peut être à parler de ce sujet qui, à mon avis, est du ressort des spécialistes de l’éducation qui doivent se soustraire des politiques pour proposer des voies de sortie honorable pour notre école. Il ne faut pas avoir honte de le reconnaitre et de demander de l’aide. Dans les années 80,  la renommée de l’école malienne avait traversé nos frontières. D’autres pays se sont inspirés du cas malien et certains sont allés jusqu’à faire des propositions alléchantes aux enseignants maliens.  Du Gabon au Burkina en passant par la Cote d’Ivoire, les enseignants maliens ont démontré leur savoir faire et personnellement, j’en ai rencontré énormément au cours de mon cycle dans les écoles privées. Je puis vous dire qu’ils étaient excellents. Bref, aujourd’hui, nous avons besoin de nous inspirer des autres vu l’état délétère de notre enseignement et il ne faut pas avoir honte de le faire, une fois de plus. La crise que nous traversons est peut être due à un agenda international mais tout comme moi, je suis sûr que beaucoup ont vu en nous une certaine carence dans la recherche de la solution car, si l’on éprouve des difficultés à comprendre une situation, la solution devient quelque peu difficile à jaillir. Alors, avant de refermer, je préconise (je suis profane en la matière) :

1.      Un audit externe de nos structures éducatives. Ceci doit se conclure par la fermeture de tous les établissements ne disposant pas d’autorisations légales, de corps professoral digne de ce nom, de locaux bien adaptés à l’apprentissage ;

2.      Assurer la formation des formateurs à travers la rédynamisation de nos écoles de formations ;

3.      Instaurer des programmes de formations adaptés à nos besoins avec et surtout une place prépondérante à l’éducation civique et morale ;

4.      Recruter des enseignants de la sous région afin d’avoir le temps nécessaire pour remettre nos enseignants au top.

 

Que les professionnels me viennent en aide...

 

AKY



27/06/2013
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