Futur Maliba

Futur Maliba

Sommes nous ingrats?

 

Hier, au cours d'un échange sur une page, un français demandait ce que nous ferions  si la France n'etait pas intervenue. A cette question, je répondis que si la France n'avait pas armé le mnla, si la DGSE n’avait pas parachuté les armes pour le mnla et si Sarkozy n'avait pas ouvert la boite de pandore en attaquant la Libye, on en serait pas là. A tous ceux qui seraient tenté d'utiliser ce "si", je vous déconseille fortement car, tous ces "si" nous renvoient à un seul: "Si la France n'avait pas déstabilisé le Mali, elle n'aurait pas eu à intervenir en 2013 pour le préserver". Un proverbe malien illustre bien la situation actuelle et peut être que la traduction reste à désirer mais je me lance quand même : « Souvent, il faut savoir dire non au vendeur de café et manger son pain ». Je crois que c’est assez clair pour ceux qui ne se retrouveront certainement pas en bambara.

 

En janvier 2013, la progression des jihadistes vers Bamako a été perçue comme une menace assez sérieuse sur l’existence même de la nation malienne mais aussi et surtout pour ses voisins et les intérêts des occidentaux et plus précisément des français à Bamako.  L’on reconnait avec aisance même si d’autres disent le contraire que l’armée malienne ne pouvait pas y faire face, que les armées sous régionales ne pouvaient non plus et que s’il fallait attendre la force africaine, il aurait certainement été trop tard. On se savait faibles pour contrecarrer cette menace et enclencher l’offensive. Hélas, nous ne pouvions pas. Entre d’une part, la guerre des bérets, l’arrestation des officiers, la fragilisation de la chaine de commandement et d’autre part, l’embargo sur les armes, les caisses vides de l’Etat, la capacité opérationnelle de l’armée nationale s’ est trouvée affectée et ses unités quasi inexistantes. Elle  ressemblait à l’équipe nationale de Foot Ball avec  des individualités à faire rêver et en même temps, une piètre équipe à donner des maux de têtes au roi pelé.

 

C’est dans ces contextes que le président intérimaire fut appel à la France qui accourut à notre chevet. Ce choix n’était pas fortuit et pour qui connait l’histoire contemporaine de nos pays africains, cela n’était pas du tout surprenant. La France est la puissance militaire la plus proche du Mali. Elle était la seule qui pouvait voler au secours en un temps record et sauver ce qui pouvait l’être. Elle est intervenue avec succès en repoussant les forces obscurantistes et à enclencher l’offensive tant entendue par le peuple malien. Tantôt, en emmenant l’armée malienne avec elle, tantôt en faisant fi de son existence. La prise de Gao et Tombouctou répondait à une volonté manifeste de montrer un visage d’une armée française en soutien à l’armée du Mali. Mais Hélas, celle de Kidal a vite fait déchanté les maliens lorsque la force serval, accompagnée des tchadiens, a pris Kidal, Tessalit pendant que l’armée malienne, s’acharnait à suive la cadence avec les moyens de bord. Dès lors, des prétextes aussi farfelus que révoltants sont avancés pour expliquer cette erreur monumentale de la France et de plus en plus, la grogne montait pour dénoncer cette politique visant à faire de Kidal, une particularité dans une nation malienne, une et indivisible. Pire, en lieu et place de l’armée malienne, la France emmena le mnla dans ses valises et contrairement à la farce diplomatique de Ouaga connue sous le vocable « accord préliminaire », l’armée malienne s’est vu cantonnée avec ces quelques centaines d’éléments et les clés de la ville, laissées aux mains des terroristes du mnla.

 

Hier comme aujourd’hui, les maliens, exacerbés par cette politique d’Autriche de la France, ont décidé de ne plus se taire, de ne plus se laisser faire et de dire ce qu’ils pensent véritablement de cette situation, honteuse et scandaleuse, visant à les mettre sous le joug des bandits armés. Le peuple malien dit non à une politique qui tende à soustraire Kidal de la République et qui, mieux que ce peuple, mérite de faire ce combat et de rester mobiliser pour qu’enfin, la France reconnaisse ses erreurs et qu’elle revient à de meilleurs sentiments. Le plus difficile n’est pas de dénoncer le contrat moral mais c’est de fermer les yeux sur ses conséquences à court, moyen et long terme.

 

Je crois que le peuple a applaudi au moment ou il fallait applaudir et il l’a fait, en tout état de cause, avec les informations mises à sa disposition. Et si les donnes changent, il a la latitude de changer ou de laisser faire. Bien heureux de constater qu’il a pris la bonne décision.  Certes, Il  dénonce cette situation mais cela ne signifie pas qu’il est ingrat.  Il est juste reveillé et voit, enfin,  toutes les ficelles du complot.   Certains africains  parlent de l’ingratitude du peuple malien mais n'ont pas l'air de comprendre la situation réelle du terrain . A ceux là, je dirai tout simplement que malgré notre intervention sur le sol français au cours des deux guerres mondiales, nos compatriotes, nos frères et sœurs africains continuent d’être chassés comme de vulgaires voleurs.  Avons-nous parlé d’ingratitude ? Non, je ne pense pas.

 

AKY

 

 

 



28/11/2013
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