Qu’est ce qui se passe au Mali ?
D’aucuns trouveront que cette réponse est très simple, d’autres diront que c’est compliqué et enfin, certains reconnaitront qu'elle dépendra de la position de chacun de nous. Quant à moi, je me place naturellement dans le 1er groupe compte tenu de mon appartenance à ce grand ensemble qu’est le Mali et plus particulièrement à son septentrion mais aussi et surtout parce que je n’ai véritablement pas grand intérêt à ce que l’incompréhension soit le domaine de définition de cette crise. Il se passe qu’au Mali, un groupe d’imposteur entend s'adjuger une partie du territoire malien. Il se dit propriétaire d'un « berceau » naturel dénommé Azawad et qui regrouperait les 3 régions administratives, Tombouctou, Gao et Kidal. Recherche faite, les historiens nous apprennent que l’azawad ou « terre de pâturage » est une sorte de région naturelle, une bande désertique située au nord de Tombouctou entre Araouane et Taoudéni. Autrement dit, cela n’a rien à voir avec le concept politique que les uns et autres tentent de coller à ces régions administratives du Mali.
Un autre fait important à soulever, certains journalistes et hommes politiques, pour des raisons propres à eux et souvent, souffrant de constipation intellectuelle, font état de la seule présence des touaregs dans cette partie du monde. Ce mensonge grotesque facilement démontable est relayé à longueur de journées par certaines stations qui n’hésitent pas à parler d’un Mali « blanc » et d’un Mali « noir ». Ceci étant, il me plait de rappeler une fois de plus que plusieurs communautés cohabitent cette zone et se repartissent en 2 grands groupes à savoir les sédentaires (90%) composés de songhaïs, peulhs, bellahs, Sarakollés, dogons, bambana etc et les nomades (10%) constitués d’arabes et de touaregs. Vous l’aurez certainement compris que toute idée sécessionniste de cette partie du Mali ne peut se réaliser qu’avec l’aide des sédentaires. Et bizarrement, même les membres du mnla l’ont compris sauf les propagandistes de radios « milles collines ». Pour ceux qui suivent la communication du mnla, le terme touareg est aussi banni chez eux car, adopter cette posture, c’est prendre le risque de se mettre, soi même, les bâtons dans les roues. Donc, voilà, j’espère que vous aurez compris que le mnla est un sacré imposteur et tant qu’il fera cavalier seul c'est-à-dire sans les sédentaires, il ne parviendra jamais à diviser ce pays. Et heureusement, les sédentaires aussi bien que la majorité des nomades disent NON et NON à tout projet sécessionniste.
De la flamme de la paix en février 1996 au 17 Janvier 2012, le Mali s’est fortement engagé dans un processus de normalisation des conditions de vie notamment en termes d’infrastructures sanitaires, scolaires et même récréatives dans le septentrion. Cette volonté politique s’est matérialisée concrètement par l’entame du processus de décentralisation qui devait, à la longue, permettre aux citoyens de s’autogérer. Le haut conseil des collectivités est né de cette volonté. Le PSPSDN, pour ne citer qu’un seul, est aussi née de cette volonté politique. L’idée était de permettre à cette zone de rattraper le retard et de s’approcher le plus près possible du niveau de développement des autres régions du Mali. Cependant, force est de reconnaitre que sur le terrain, le niveau de vie ne s’est pas trouvé affecté et à juste titre, le citoyen lambda reste dubitatif lorsqu’on évoque les chiffres. Mais ce que bon nombre de maliens oublie, c’est surement que ces projets furent confiés à des individus malintentionnés, « nordistes », qui ont géré ces ressources à leur profit et donc au détriment de l’ensemble des communautés.
C’est dans cet atmosphère de mal gouvernance qu’un groupe dénommé mnla a vu le jour et s’est donné pour mission de mettre à l’eau tous les progrès consentis par le peuple malien. En effet, ces individus surexcités, qui, pour la plus part, ont quitté le Mali à bas âge se sont convaincus de la nécessité de faire parler les armes au moment ou les paisibles citoyens de ces localités aspiraient à jouer un rôle politique, plus consistant, devant aboutir sur des remèdes aux multiples maux qui les rongeaient. Nous étions conscients du retard, combien criard, de ces localités et bon an, mal an, des pistes de solutions allaient être envisagées. Et qu’on le veuille ou non, ces solutions s’inscrivaient dans un processus global de lutte contre la corruption, le népotisme, la délinquance financière, etc et concernaient aussi bien les régions du nord que celles du sud. Les mêmes maux touchent pratiquement toutes les régions administratives et la solution se devait donc être d’envergure nationale.
Pour atteindre son objectif, le mnla n’est pas parti par le dos de la cuillère. Il s’est allié à aqmi (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) pour constituer une force de frappe puissante et d’assauts en assauts, les forces du mal sont parvenues à déloger l’armée malienne de ses casernes. D’abord, à Aguel hoc ou une centaine de soldats ont gouté à la barbarie de ces islamistes, ensuite Tinzawatene, Abeibara, Ménaka, et enfin Tessalit qui les ouvrait ainsi la porte des grandes villes du nord. Il est impossible de pointer du doigt le groupe qui prit position dans ces villes vu qu’ils sont rentrés tous en même temps. A écouter les responsables du mnla, la prise de Tombouctou et Gao s’est fait sans les terroristes du mujao et d‘aqmi. Heureusement que les vidéos existent encore pour prouver le contraire. A Gao, il y avait 2 drapeaux qui flottaient ; celui du mnla sur le toit du gouvernorat et celui du mujao à l’aéroport et dans la ville, les 2 cohabitaient sans gêne. A Tombouctou, un cas similaire était perceptible avec d’un côté Ansar Dine dans la ville et le mnla stationné à l’aéroport. Après quelques semaines de cohabitation, le mnla, convaincu du soutien dont il jouissait en haut lieu, tenta de se défaire de ses alliés. Mal formé, mal équipé et moins riche, il s’est vu botté avec la manière par le mujao et chassé de Gao. A Tombouctou, ses éléments firent défection et réintégrèrent le groupe de Iyad Ag Aghaly. En d’autres mots, le mnla fut « dissout » par les terroristes et il fallait attendre l’intervention française pour le voir apparaitre.
La force Serval a ramené le mnla dans ses valises et de sa force de persuasion, elle facilite sa reconstitution au grand dame des maliens. Si je dois appeler les choses par leur nom, je dirai que la France reconfigure la carte terroriste de la bande sahelo saharienne en permettant d’une part le recyclage des terroristes et d’autre part la mise en veilleuse d’une future rébellion. Maintenir cette pression permanente sur le Mali, c’est prendre des garanties sérieuses sur son maintien dans le giron français et s’assurer que le bon élève fasse bien son travail à savoir défendre les intérêts français. Je n’ai rien contre le peuple français et comme je le dis tout le temps, il est aussi victime de ce jeu géostratégique que nous. Mais qu’on n’y se trompe guère et croire que ce peuple, ou même les africains, feront le boulot à notre place. Il faut se mobiliser, dire ouvertement les choses telles que nous les concevons et exiger que les autorités (celles là qui ont été élues avec plus de 77%) nous respectent. Il faut se remettre en cause et se demander, en âme et conscience, s’il faille abandonner la lutte parce que l’adversaire semble bénéficier d’un soutien de taille ou s’il faut agir pour connaitre la position réelle de ce pays qui se dit « ami ». La France ne cesse pas de nous dire qu’elle est ici, chez nous, à la demande des autorités maliennes. Alors, levons nous et exigeons d’elle l’honnêteté et la rigueur ou à défaut, qu’elle s’éclipse et on verra bien si le mnla est aussi « courageux » qu’il le prétende.
AKY
A découvrir aussi
- Monsieur le President, ecoutez votre peuple
- Le mnla ne connait que le langage des armes!!
- Lettre ouverte au Président de la République par Interim
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 46 autres membres