Futur Maliba

Futur Maliba

Puisons dans notre riche culture pour ramener la paix..

Né loin de ma terre d’origine, le Mali, j’ai eu la chance de vivre dans un environnement familial fortement rattaché aux valeurs purement maliennes de tolérance, d’acceptation de l’autre, de solidarité envers l’autre, envers ses parents, envers l’inconnu et souvent, très souvent au détriment de soi. Ces fondamentaux quelques peu rarissime de nos jours ont cependant constitué notre véritable lien avec ce pays. On se distinguait par nos valeurs, nos comportements et évidemment par la langue. Quelle langue ? Pas forcement le peulh, le bambara, le tamasheq ou le songhaï mais souvent la combinaison de 2 ou trois de ces langues qui s’entremêlaient pour donner une symphonie bien particulière qui devenait en soi une autre langue. Mon grand père saurait me dire certainement, lui qui, en saluant le burkinabé, laissait entendre ce son mélodieux ou le Français cédait place au peulh, ou l’habillement démentait quelque peu son ethnie et l’assimilait au songhaï. Et oui, ce Mali de mes souvenirs, ces maliens de mes souvenirs, ces histoires glorieuses de ma « malianité » se manifestaient en chacun de nos actes.

 

Ces nombreuses années passées dans une contrée loin de ma Tombouctou d’origine, semait, également, en moi, ce doute persistant, cette envie soudaine de retourner parmi les miens. Je me rappelle de la gaité, sans commune mesure, de mon grand père dès que l’un des ses fils évoque Mopti, la Venise malienne,  Tombouctou, la cité des 333 saints,  Bintagoungou, le hameau perdu dans le désert ou même Sikasso, Kayes ou Ségou, la cité du balazan. Tout l’importait du moment que cela concernait le Mali. J’ai été bercé par la musique d’Ali farka Touré, Oumou Sangaré et Salif Keita.  Des plats maliens, j’en ai mangé et le grand boubou, j’en ai porté lors des grands événements. Ces petits détails m’ont permis certainement de garder cette attache avec la mère patrie. J’étais fier de ce pays, de son histoire, de son passé glorieux mais surtout de l’humanisme que les maliens faisaient valoir autour d’eux, quelque soit le lieu de résidence. C’est ce Mali que j’ai retrouvé en 2003 et c’est dans ce Mali que je vis.  .  

 

Au fil des années, j’ai compris que  le respect de nos valeurs ancestrales, nos traditions millénaires de solidarité et d’entraide qui faisaient du Mali, le point de convergence de toutes les hautes personnalités. Nous étions un model, pas uniquement de démocratie (n’en déplaise à ceux qui disent le contraire car, la charte du Mandé est plus vieille que la démocratie à l’occidental), mais aussi de vivre ensemble. L’une des raisons évidentes de ma colère contre ces attardés du mnla concerne la trouble apportée à ce vivre ensemble. Heureux qu’il ait échoué puisque la  guerre communautaire, confessionnelle ou même raciale qu’il tenta de créer n’a jamais pu se frayer un chemin mais qu’on ne s’y trompe guère, il a quand permit de créer un doute dans nos têtes et porter quelque peu atteinte à notre vivre ensemble. Il a fallu des discours apaisants, des concertations et des messages sincères pour ne pas arriver à l’extrême. Nous avons su dès le départ, nous mettre au dessus de ces considérations insensées.  Nous avons trouvé les mots justes pour ne pas tomber dans l’amalgame et la stigmatisation. Le message était, on ne peut plus clair : « Ce Mali appartient à tous ».  Que l’on soit bambara, songhaï, bozos ou arabes, il demeure un héritage commun parce que nous avons su exister individuellement à travers nos cultures, nos histoires, nos us et coutumes mais aussi par ce que nous avons su à un moment donné conjuguer nos efforts pour faire émerger une seule culture, celle du Mali.

 

Il s’agira pour nous de réinventer ce vivre ensemble. Je crois que cela commence par rendre justice, se concerter, s’écouter et se pardonner. Ce fort sentiment de fierté et d’appartenance à ce grand peuple, de par la taille et l’histoire, est une raison suffisante pour ne pas baisser les bras.  Sur les réseaux sociaux  ou par presse interposée, j’entends les jeunes maliens s’insulter, pousser à la révolte et très souvent et peut être que c’est ce qui est rassurant dans ces types de situations,  aucun d’eux qu’il soit pro gouvernemental ou pro rébellion n’avance d’arguments solides pour  nourrir  la haine. Il est très difficile de casser une chose que l’on ne maitrise pas et très difficile de consommer une rupture si l’on ne connait pas l’histoire, l’anthropologie ou le contrat social qui en constituent le ciment. Chacun de nous doit en être conscient et l’utiliser pour consolider la paix et la concorde. Dans ce vaste nord malien, les songhaïs et les peulhs ne pourront jamais vivre sans leurs cousins touaregs ou arabes et vis versa. Ces communautés sont interdépendantes.  Elles sont liées à vie et n’ont guère le choix que de se battre ensemble pour continuer à exister.

 

Un expert, non malien, disait que la réconciliation a du plomb dans l’aile parce que tout simplement les intervenants que ce soit le pouvoir central ou les partenaires internationaux refusent de laisser la main aux populations de ces localités. J'ai applaudit de mes deux mains et aussi de mes deux pieds. Depuis des mois qu'on se transporte par ci par là, je voyais enfin un expert digne de ce nom qui a pris le soin de chercher à nous connaitre et à savoir ou chercher la solution à nos problèmes. Ces populations, ignorées, n’ont jamais suivi les cours  en relation internationale  encore moins en psychologie comportementale mais s’il y a une chose qu’elles maitrisent mieux, c’est cette capacité à se surpasser, à écouter l’autre, à faire de concession et à s’accepter pour le bonheur de tous.  Il faut redonner une place de choix aux notabilités pour la mise en œuvre de nos mécanismes traditionnels de règlements des différents. Ces mécanismes, quasi gratuits,  ne nécessitent point de dépenses colossales en termes de billets d’avions ou de frais d’hôtels.  Ils sont plus efficaces que les résolutions onusiennes ou les accords de Ouaga ou d’Alger pour la simple raison qu’ils ne font appel qu’à la parole et la dignité des intervenants. Ces attributs ont toujours une valeur inestimable dans ces régions. Il suffit juste de savoir taper à la bonne porte. Ce n’est surement pas Ban Ki Moon qui saura montrer cette porte aux maliens.  Nous savons ou aller du moment ou les autorités acceptent de nous considérer. La solution réside en nous, mieux, nous sommes la clé de la solution.

AKY

 



11/03/2014
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