Mains liées, La Mali pouvait il se défendre ?
En Février 2012, lors d'un entretien avec Alain Foka, ATT n' hésita pas à dénoncer l'attitude de la communauté internationale sur le carnage d'Aguel hoc ou plus d'une centaine de soldats maliens en manque de munitions venait de faire les frais de la barbarie du mnla et associés .Sa position, mi assis mi courbé devant le journaliste français en disait long sur son désarroi et son impuissance face à la crise qui menaçait l’unité de la nation. Pour l’une des rares fois, les maliens ont suivi un débat ou le président n'a pas égratigné ses cousins à plaisanterie, les coulibaly. Il était on ne peut plus sérieux et le visage, mi crispé, mi désemparé, trahissait l'espoir entretenu par son gouvernement. Il ne comprenait pas le pourquoi de ce silence si lourd envers le Mali et son président, plébiscité à l’étranger, considéré comme un model. Se sentait-il trahi ? Certainement d’autant plus qu’il venait de recevoir successivement le ministre de la coopération et celui de la défense de la République française. Les murs ont des oreilles et les informations comme une trainée de poudre avaient fait le tour de Bamako. Il était hors de question de combattre le mnla tout comme il était formellement interdit au président de mentionner aqmi et acolytes. Officiellement, le Mali faisait face à une rébellion « touareg » et rien d’autres. Que ce soit les medias, les diplomates ou encore les officiels, les discours étaient quasi identiques. La résolution de la crise devait être politique surtout que l’adversaire, selon Alain Juppé, était doté d’une « force militaire impressionnante ». Il ne peut y avoir de solution militaire dans cette crise car, ceux qui ont pris les armes ne réclament que leurs droits, a-t-on coutume d’entendre sur les ondes et il incombait au Mali de répondre favorable à ces revendications. Pour eux, les séparatistes du mnla ne pouvaient être logés dans la même enceigne que les separatistes basques. Non, c’était différent et comment pouvait il en être autrement si le Mali et la France sont eux-mêmes différents à tout point de vue. La France ne négocie pas avec ses séparatistes parce qu’elle dispose d’une armée républicaine capable de les mater mais le Mali, irresponsabilité et manque de vision associé à une longue période de mesures drastiques du PAS (Plan d’Ajustement Structurel), n’avait pas une armée digne de ce nom ou du moins capable de tenir tête à une mosaïque de forces hétéroclites. Il fallait démontrer que le Mali était faible, désorganisé et incapable de contenir un groupuscule de personnes. Cela a bien réussi et ces concepteurs, Sarkozy et Alain Juppé en tête, méritent bien évidemment des applaudissements. Officiellement, le mnla remportait des victoires impressionnante face à l’armée malienne dont le chef suprême ne pouvait pas grand-chose pour ces soldats démunis et abandonnés à leur propre sort. . Les conséquences immédiates, on le sait, coup d’Etat militaire contre celui qui s’opposait à une riposte en trainant les pieds lorsqu’il s’agissait de ravitailler les troupes. Les maliens ne reprochent pas à ATT sa gestion de la guerre. Pas du tout, ils lui reprochent son laxisme ou les chefs militaires étaient plus dealers que stratèges en combat et ou le mérite avait laissé place à la culture de la médiocrité. Mais le point qui a échappé aux soldats putschistes, c’était ce refus de la France de Sarkozy de laisser le Mali combattre l’ennemi.
Nous ne le dirons jamais assez, le Mali a certes été victime d’un complot international comme en témoigne la logistique des groupes armés au nord, les efforts diplomatiques à son égard, l’acharnement des medias, les volontés affichées pour masquer l’apport des terroristes d’aqmi, une fabrication des services secrets occidentaux, au mnla et l’intimidation des autorités de l’époque par les puissances mais il a aussi péché de par une manque de vision et d’anticipation de ses dirigeants. Le complot international avait trouvé en nous un handicap majeur qu’est l’absence de patriotisme et de sens élevé de responsabilité. Pendant deux décennies, nous n’avons pas jugé nécessaire, malgré la démocratisation de notre société, de procéder à un partage de pouvoir. Aucune de nos institutions n’a eu le mérite de justifier sa raison d’être, l’Assemblée nationale transformée en un lieu de rendez vous, le gouvernement transformé en « grin » et la gestion du pays au bon vouloir du chef de l’Etat. Des considérations politiques mesquines à l’égoïsme démesuré, le peuple est resté muet, incapable de bouger le petit doigt pour signifier à ces hommes qu’ils n’ont pas été élus ou nommés pour faire de la figuration mais qu’elles étaient là pour satisfaire nos besoins. Au fond, nous avons relâché la surveillance et petit à petit la démocratie arrachée au prix du sang s’est transformée en anarchie. Le citoyen lambda pouvait faire ce qu’il voulait et les mêmes comportements avaient pion dans nos administrations. Tout le monde était au dessus de la Loi et tout pouvait faire comme bon lui semble. Pour essayer de rectifier le tir et prendre la main après avoir délibérément assisté à l’affaiblissement de l’Etat, les partis politiques ont proposé leur aide au président. Cependant, nous déplorons que cet apport se soit transformé en un véritable fiasco en ce sens que le mensonge et le déficit de communication qui ont émaillé le régime d’ATT n’aient pas été corrigés. Le gouvernement continua de mentir au peuple. On se rappelle des propos du président de l'Assemblée de l’époque, DT, qui en tête de cette délégation, a soutenu que la crise était largement à la portée de notre armée qui, selon lui, faisait partie des plus robustes de la sous région. DT savait il réellement que cette énième rébellion n'avait rien d'ordinaire? A t-il menti pour sauver le président ATT ou est ce simplement la preuve réfutable que lui, ancien ministre de la défense, Président de l'AN, ne connaissait pas l’état délétère de cette armée? Entre déficit de communication et mensonges, les autorités maliennes se sont mis la population à dos. La marche des femmes de Kati et le long discours prononcé par ATT lors de la fête des femmes offraient une vue d’ensemble sur le pourrissement des relations entre le pouvoir politique et l’armée.
Au-delà de toutes ces considérations et malgré l’état délétère de notre armée, le Mali pouvait faire face à la seule rébellion. Il pouvait sortir indemne de cette crise si la communauté internationale l’avait voulu. Les maliens se posent des questions chaque fois que les USA sortent cette absurdité de leur constitution qui s’oppose à toute aide aux putschistes. ATT était-il putschiste ? Ce pouvoir légitime, la communauté internationale l’avait mais pourquoi diable, ne l’a-t-elle pas aidé? Leur tergiversation ou refus d’aider un gouvernement légitime à se défendre a permit aux militaires de prendre, disent ils, leur responsabilité. Tout le monde s’accorde à dire que le pouvoir était une patate chaude qu’ATT n’a pas jugée utile de garder. En général, 5 étoiles, il savait que le combat était perdu d’avance car, le silence ahurissant de la communauté internationale a suffit par le convaincre que la seule issue possible pour le Mali demeurait un dialogue avec pour conséquence l’autonomie de Kidal. Et même après le putsch, le Mali pouvait s’en sortir si les jugements étaient plus objectifs que subjectifs. Si les partenaires du Mali avaient pris le soin d’écouter le peuple au lieu de travailler avec un groupuscule de personnes supposés être les cadres. On ne prétend pas aider un pays en lui imposant un embargo. On ne prétend pas aider un pays à se défendre en bloquant ses armes. Quand le mnla nous agresse et fait d’un territoire voisin, sa base arrière, nous en déduisons que soit ce pays est en mèche avec lui ou soit il ne dispose tout simplement pas d’une armée digne de ce nom pour verrouiller ses frontières Je ne porte pas de jugements sur la cedeao car j’estime, à juste titre, qu’elle reste fortement tributaire de la communauté internationale. Sûrement qu’Ado, Yayi BONI, Macky SALL et Mahamadou ISSOUFOU étaient habités de bonnes intentions envers ce pays frère mais je ne pourrai pas en dire autant de quelques autres présidents ouest africains qui leur mettaient des bâtons dans les roues.
Ce coup d’Etat, le plus idiot peut être de l’histoire, a mis en mal le rapport du Mali avec ses partenaires mais il nous a, en quelques sortes, permit de dissocier nos amis de nos ennemis. Lorsque le peuple criait haut et fort sa volonté de voir les soldats maliens verser le sang et réaliser l’impossible, on nous reproche d’être orgueilleux et lorsque nous demandons de l’aide parce que quelque peu obligé, ce sont les mêmes qui nous traitent de lâches. Qu’on fasse quoi que ce soit, nos détracteurs étaient à nos trousses pour nous enfoncer. Certains se sont même aventurés à parler de l’abandon des régions nord par le pouvoir central oubliant que cette partie du Mali, malgré son état, est plus hospitalière que de nombreuses villes ouest africaines. L’intervention française est venue à point nommé et malgré notre réticence vis-à-vis d’elle, nous devons reconnaitre qu’elle a permit de sauver certaines vies. Les carottes étaient déjà cuites et ceux qui ont bloqué nos armes pour nous empêcher de nous défendre et crier à notre lâcheté se sont vus embarquer de force par la France. Et apparemment la force en attente pré-positionnée n’était que « bluff » pour masquer une peur bleue des terroristes. Si ces pays n’ont pas compris que le Mali ne pouvait pas le faire seul, ils viennent d’entendre d’un haut responsable américain que l’armée africaine n’en est pas capable non plus. Néanmoins, nous tenons à manifester notre gratitude à tous les pays contributeurs de troupes et les assurons de notre éternelle reconnaissance. Dans cette intervention française, le Mali n’avait vraiment pas le choix et il fallait sauver ce qui pouvait l’être en termes de vies humaines. Mais, contrairement à la thèse qui soutient que les terroristes envisageaient de prendre Bamako, je puis vous assurer et pas besoin d’être militaire pour le savoir que cet objectif était irréaliste. Les terroristes ne pouvaient pas venir à Bamako du moins pas à cette date quand même. Ils visaient l’aéroport de Sevaré pour mettre en difficulté les troupes africaines qui n’avaient pas encore fini leur « préparation ».
Aujourd’hui, nous sommes heureux de voir le petit bout du tunnel et constater l’unanimité qui se fait sentir partout ou la diplomatie malienne a pu passer. A force de persévérer, le monde entier a su que nous n’avions pas de problème touareg au Mali et le mnla, mouvement se déclarant laïc n’est en réalité que l’aile politique des terroristes et narco trafiquants. Nous avons fait jaillir toute la lumière sur cette crise qui nous ronge depuis bientôt 15 longs mois. De cette crise, les africains ont compris aussi la nécessité de se doter d’une force africaine en attente. Individuellement, les pays ont pris conscience de la nécessité de se doter d’une armée robuste capable de tenir face à n’importe quelle menace. Il ne s’agira plus de former une élite au service du président mais une nécessité de doter nos forces armées de moyens adéquats pour défendre l’intégrité du pays. Quant à nous, maliens, nous devons encore attachés les ceintures car la phase de sécurisation sera très longue.
AKY
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