Futur Maliba

Futur Maliba

La pratique continue....

Le président de la République par Intérim vient de boucler une série de visite l'ayant conduit successivement au Nigeria, au Benin et au Burkina Faso. Au cours de ce voyage, le Pr Traoré a élevé les présidents Googluck Jonathan, Blaise Compaoré et Thomas Yayi Boni du Benin au rang de Grand Croix de l’ordre national » du Mali. Auparavant, soulignons qu’en conseil des Ministres en date du 14 Aout, le président par intérim avait élevé au rang de General le colonel Sinko Coulibaly, actuel Ministre de l’Administration territoriale, le colonel Major Didier Dackouo, chef d’opération dans les régions nord et le très controversé capitaine Sanogo, chef des putschistes. Dans ce périple sous régional qui constitue, en à pas douter, la première d’une longue série, le président Dioncounda tente de laisser son emprunte dans les livres d’or des pays frères qui ont plus ou moins permis au Mali de renouer avec la normalité constitutionnelle et contribué aux côtés de la force Serval au rétablissement de l’intégrité territoriale (bien que Kidal reste encore un cas). Dans notre entendement, le Pr Dioncounda a confondu vitesse et précipitation et aurait dû laisser cette tâche au tout nouveau président, démocratiquement élu et disposant de plus de légitimité. Exprimée par ce dernier, cette reconnaissance aurait pu avoir plus d’éclats et le Mali, reconnaissant, en sortir encore plus grand.

 

Ces séries de distinctions et de nominations font couler beaucoup d’encres et de salives notamment celle du capitaine sanogo pour plusieurs raisons tout aussi défendable, les unes que les autres, eu égard au passé récent de notre pays et du climat délétère qui règne au sein de notre armée. Au tout début de la crise, la première critique formulée contre notre vaillante armée portait sur la pléthore de ses généraux, environ 75 dont 42 sous le régime du président ATT. Ce chiffre nous a valu un sale moment surtout lorsqu’il s’agissait de défendre une armée déstructurée manquant de tout, de simples gilets par balle aux casques en passant par les armes individuelles. L’effectif de l’armée malienne fait partie des plus faibles d’Afrique voir du monde mais paradoxalement celui de ses officiers occupe l’un des premiers rangs. Certains ont été nommés par crainte, d’autres par affinité et la plus part pour services rendus au clan ATT. Ils ont accédé au galon sans mérite et c’est tout naturel que leur prestation soit laborieuse en termes de plan de guerre, de stratégie, offensive et défensive et plus importante, de discipline dans le rang des subalternes. Si la déroute de notre armée trouve une explication plus ou moins tenable dans la faiblesse de nos moyens, l’indiscipline caractérisée dans nos casernes constitue le seul et véritable fléau qui l’ont laminé et fait d’elle (et de nous au passage) la risée du monde. Cette indiscipline n’est pas innée chez nos soldats. Elle est la résultante de plusieurs facteurs dont le recrutement par affinité, la corruption et les promotions complaisantes. Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, il ne serait pas étonnant de voir un rallongement de la liste quand on sait que le capitaine du haut de son statut de président du CSRFDS n’est pas véritablement celui qui dirige à Kati. Que va faire Dioncounda ? Continuer à nommer les autres membres du cnrdre ? que diront les autres officiers non membres du cnrdre et dont les oppositions au sein de la police nationale se font de plus en plus pressantes ? Faudra t-il les accorder une promotion aussi ? Qu’adviendra de notre armée après cela? Restera t-elle aussi budgétivore qu’inefficace ?

 

En élevant le capitaine Sanogo au rang de général, le Pr Dioncounda perpétue une pratique bien connue et ancrée chez nous au Mali, celle de récompenser par des dividendes. Le capitaine Sanogo est un fils du pays, il n ya aucun doute la dessus. Il a des partisans convaincus qui continuent à penser qu’il a sauvé le pays et ça reste leur avis. Cependant, la question qui reste pendante sur nos lèvres demeure la suivante : le PR avait il besoin de le récompenser avec le grade de général ? Pour ma part, je ne crois. Il aurait fallu trouver une juste mesure en rupture avec la pratique. Du moment, qu’il ne craint plus rien à l’échelle nationale avec l’amnistie que lui et ses compagnons ont bénéficié, je crois comme fer que le capitaine a déjà eu plus qu’il n’en fallait pour avoir « précipité » le pays dans le gouffre. Il a fait un coup d’Etat et ce n’est quand même pas rien. La logique voudrait alors qu’il ne soit pas encouragé dans cet acte. Toutes les raisons évoquées pour ce putsch ont sauté dès qu’il a été question de promotion personnelle et souvent, bien souvent au détriment des valeurs républicaines comme ce fut le cas dans l’éjection de Cheick Modibo DIARRA. Le culte de personnalité a finit par avoir raison du capitaine et le bon sens, il en disposait un peu, a pris la tangente. Dorénavant, tout part de lui et tout revient à lui et le nouveau président ne me semble pas être la personne appropriée pour le canaliser. Les avantages liées au port du galon de général est considérable et est susceptible d’ouvrir des portes y compris celle de Koulouba. On se rappelle aisément du cas ATT qui, après avoir rendu le pouvoir en 1992 est revenu le reprendre en 2002 et imposer une série de nominations bidon allant de l’armée à la diplomatie en passant par l’administration générale. Nous avions dénoncé cette pratique pour la simple raison qu’elle est la cause de la déliquescence de l’Etat, de la fragilisation de l’armée et de la perte de l’éthique et de la morale dans notre administrations. Et si ceci doit continuer de plus belle manière par celui qui me semblait pourtant convaincu de la rupture, il ya de quoi à avoir peur. Avant de prendre congé, le Pr récompense toutes les personnes qui ont contribué à son maintien à koulouba. Sa soif de solennité est de nature à handicaper le nouveau président car, il devra achever, comme il est de coutume chez nous, les nominations et les distinctions. La liste est longue, très longue et à ce rythme, nous risquons de passer les 5 prochaines années à feuilleter ce chapitre noir de notre existence en tant qu’Etat « indépendant ».

 

AKY



19/08/2013
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