Futur Maliba

A bien réfléchir, je me demande s’il est bien de critiquer la fameuse réconciliation nationale à laquelle prendront part les présidents Moussa Traoré, Alpha Oumar KONARE, Amadou Toumani TOURE et IBK. Je me le demande vu le peu d’intérêt qu’on nous a accordé ou devrai je dire, l’importance que nous n’avons jamais su accorder à nous mêmes. Tout a été finalement fait sans nous et plus ou moins contre nous. Derrière les critiques formulées contre ATT ou AOK, les maliens ont bien vite oublié qu’il ne s’agissait pas d’un problème de personnes mais de systèmes. Nous avons oublié que les 2 deux candidats arrivés en tête au premier tour à savoir IBK et Soumi sont l’émanation de ce système mafieux qui a maintenu le pays dans la précarité absolue. La responsabilité doit être partagée et si le peuple a pu pardonner à ces 2 candidats, je ne vois pas l’intérêt qu’il ne le fasse pas pour ATT et AOK.  Et les connaissant bien, je crois qu’ils le feront mais attention, ceci ne veux pas dire qu’il faille classer ce dossier et solenniser l’événement en se pavanant devant les victimes directes et indirectes de cette crise. Il faut prendre la mesure des choses et ne pas remuer le couteau dans la plaie. Avant toute chose, ATT, en sa qualité de président défaillant, nous doit des explications car, jusque là, il n’en a pas eu l’occasion. Pour refermer définitivement ce chapitre noir de notre existence, il nous faut véritablement comprendre et si des têtes doivent tomber, et bien qu’elles tombent et si le nouveau président –lui-même responsable de cette crise- doit accorder sa grâce alors qu’il le fasse.

Dans un tout autre registre, l’on se rappelle qu’au mois de ramadan, le Pr a commis l’irréparable en posant avec les rebelles du mnla. Il ne fait aucun doute que les membres du mnla ont violé, volé, saccagé et ternit l’image de notre pays en s’associant avec les barbares de tout acabit et de tout horizon. Dioncounda a offert l’immense honneur aux assassins et tortionnaires du peuple malien de rompre le jeûne et de prier dans notre résidence présidentielle. Et ça, personne n’a pipé mots. Dans ces propos, il a,  en sa qualité de président intérimaire et parlant au nom du peuple malien, « presque » pardonné au mnla. Des pressions subies, peut être, mais étant donné que l’exactitude ou le bien fondé de ces pressions ne peuvent pas être établit, nous ne pouvons qu’interpréter les faits qui sautent à l’œil. Par ce geste, Dioncounda a démontré aux yeux de la communauté internationale que ce mouvement n’a rien de terroristes car, on se rappelle aisément de ces propos lorsqu’il osa affirmer sur les chaines d’Alqarra tv que le Mali ne discutera qu’avec les non terroristes. Et oui, le Mali ne discute jamais avec les terroristes et ça, je crois que vous le saviez déjà, par contre ce que vous ne saviez pas, c’est le fait que selon qu’on fasse des autorités maliennes, des princesses ou des bourreaux, les critères de sélection changent. En posant donc avec ces messieurs, Dioncounda a semé le grain de doute dans l’esprit des maliens, eux, prompts à réclamer la Justice avant la réconciliation.

On ne le dira jamais assez mais la Justice au Mali est un leurre et les textes ne s’appliquent qu'aux personnes démunies. Le gouvernement de la transition prépare l’opinion nationale et internationale sur le bien fondé de se réconcilier quitte à oublier les nombreux crimes commis sur notre territoire. A proprement dite, cette notion de réconciliation ne constitue pas une difficulté majeure dans notre société connue pour sa tolérance et son sens élevé de pragmatisme mais sa mise en œuvre doit respecter certains préalables à savoir la vérité et la Justice.  Vouloir l’imposer sans ces préalables, elle ne constituera qu’un acte spectaculaire peu efficace qui ne résoudra rien et pire, donnera lieu à une série de vengeances et de confrontations armées entre les communautés du nord d’une part, les bourreaux et les victimes d’autre part. La haine se nourrit de l’injustice et n’engendre que désolations et amertumes. De ce Mali, nous ne souhaitons que la paix, la concorde, l’entente, la solidarité et l’entraide. C’est la seule raison qui nous pousse à réclamer Justice, Justice et encore Justice. Et après cela, si nous devons pardonner, on le fera sans exclure qui que ce soit. Ceci reste valable, et pour les membres du mnla et pour nos autorités actuelles et passées…… y compris le président ATT.

AKY