Futur Maliba

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Blaise Compaoré: Echec et Mat

En présentant ses vœux au chef de l’État,  l'armée burkinabé ou devrai je dire l'armée de Blaise a profité de l’occasion pour faire allégeance et s’engager à soutenir le chef de l’État qui, on le sait, est lancé dans un bras de fer avec l'opposition et les cadres démissionnaires de son parti, le CDP. Arrivé au pouvoir le 15 Octobre 1987 à la suite d'un coup d’État contre le capitaine Thomas Sankara, Blaise Compaoré a multiplié les manœuvres pour se maintenir au pouvoir et guider d'un bras de fer toutes les institutions de la République. Le fameux article 37 de la constitution, modifié au rythme de son humeur, a fini par créer un sentiment profond de servitude au sein de la classe politique. Selon les analystes, sa longévité s'explique sans doute par le binôme, stabilité intérieure et chaos sous régional, qui lui a permit de tirer toujours son épingle du jeu sur le malheur des autres y compris ses concitoyens.

 

Militaire de formation, ce fin stratège s'est forgé une véritable renommée au sein de la grande muette burkinabé.  Entre prérogatives et avantages considérables, il s'est constitué un noyau d'officiers et de sous officiers aussi corrompus que leurs homologues du Mali. Mais à la différence de ces derniers, les officiers burkinabé ont su garder la main en permettant aux subalternes notamment ceux du RSP de bénéficier des largesses et de la protection de l’Exécutif.  Ces militaires du RSP sont des princes. Intouchables, ils peuvent tabasser, violer, arnaquer les pauvres citoyens sans être inquiétés. En 2011, la mutinerie des éléments de cette armée a tourné court garce notamment à ce noyau supra minoritaire mais efficace qui a fini par maitriser la situation. Et pour ceux qui en doutent encore, ce régiment, mieux formé et outillé que l’ensemble de l’armée burkinabé, constitue la colonne vertébrale du régime de Blaise.  De l’autre côté, c'est-à-dire chez les militaires infortunes, pauvre, malformés et mal rémunérés, Il y a de la frustration dans l’air et cela reste encore perceptible chez ces jeunes soldats, impuissants, qui réclament juste une amélioration de leur cadre de vie.  La garde pléthorique de Blaise est garante de la stabilité du Burkina et c’est elle qui donne du rythme à la vie politique. Les opposants sont bastonnés et jetés en prison, les jeunes révolutionnaires, adeptes de Thom Sank, martyrisés, la presse, muselée et les journalistes intimidés et très souvent assassinés. Parlant de journalistes, Norbert Zongo en a fait les frais un certain 13 Décembre 1998, une date qui restera à jamais dans les annales de crimes de Blaise Compaoré. Dès lors, beaucoup d’autres journalistes ont dû se ramollir pour éviter un séjour au conseil de l’entente.

 

Du point de vue des partenaires, Blaise est un mal nécessaire pour la sous région. Son endurance au plus haut sommet de l’Etat lui garantit un carnet de visite extraordinaire et une assurance pour ceux qui veulent garder ce continent sous leur coupe. C’est donc naturellement qu’il s’investit dans le chaos sous régional pour demeurer indispensable. Il  s'est constitué un véritable réseau d'informateurs dont la réputation reste véritablement à désirer. Au sein de la CEDEAO, organisation sous régionale, il est considéré comme le seul médiateur capable de ramener les protagonistes autour de l'essentiel. Au Togo, En Côte d'Ivoire et tout dernièrement au Mali, il s'est imposé médiateur et si les uns jettent des fleurs sur son investissement personnel, les autres notamment les citoyens de ces pays redoutent sa forte implication aux côtés des assaillants et des rebelles. En Cote d'Ivoire, il a pris causes et effets pour les rebelles notamment en termes de formation, de logistiques et de réarmement. Sa capitale, ses états majors particuliers ainsi que son réseau étendu de livraison d'armes a précipité la Côte d'Ivoire, voisine, dans une crise sans précédent avec son corolaire de morts, de déplacés et de réfugiés. Dans la crise malienne, il accueille les rebelles touaregs, utilise les ressources du Burkina pour sauver des terroristes et milite sans relâche à l'affaiblissement de l'armée malienne. Le blocus des armes à Conakry lui est attribué. Parlant de Conakry,  il faut aussi se rappeler qu'il a fait élire son homme de main, Alpha Condé après avoir mis sur la touche le capitaine Dadis Camara.  De l’Angola au Liberia en passant par la sierra Leone, le Niger et la Mauritanie,  son nom revient dans presque tous les rapports.  C’est donc naturellement que l’on réclame sa présence aux côtés de Charles Taylor à la CPI.

 

Blaise Compaoré, c’est aussi ce soutien politique que l’on voit naturellement dans toutes les dictatures. Des associations autoproclamées soutiens, amies et tantis. Des hommes et des femmes qui, en échange d’un billet craquant, remplissent les stades et autres lieux de regroupements. Dieu sait combien d’associations de jeunes soutiennent ce dictateur mais qu’on ne s’y trompe guère. Ces soutiens restent éphémères et n’entendent qu’une réaction de choc pour se fondre dans le décor.  L’histoire contemporaine de nos nations nous édifie davantage sur ces soutiens et nous dicte la patience. L’on se rappelle de la chute de Mobutu, de Bokassa et tout près de chez nous, Moussa Traoré. Ces dictateurs qui se croyaient intouchables, aimés et soutenus par leur peuple respectif mais  qui sont passés, en un laps de temps, d’un statut d’ héros à un statut « zéro ». Comme ces dictateurs, Blaise s’en ira à son tour.  Les symboles de son passage sur cette terre bénite du Burkina seront effacés et l’histoire ne retiendra en fin de compte que les souvenirs d’un homme qui a passé ces années à faire rêver le peuple Burkinabé, à s’enrichir personnellement et à faire profiter ses proches  qu’à  œuvrer pour un Burkina émergeant, digne et fier.   

 

AKY



21/01/2014
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