Tant qu’il nous restera un souffle de vie le temps ne sera jamais un facteur handicapant pour traiter du Mali. Alors tout y passera au risque de heurter la sensibilité de certains. Cette volonté affichée nous a amené à faire cas de notre incompréhension face à l’attitude de la France à l’égard des alliés des terroristes et de leur sanctuaire. Nous ne comprenons plus cette politique de deux poids deux mesures. Et aujourd’hui les tentatives d’explication de nos autorités sont plus angoissantes que rassurantes. Après avoir pris un engagement solennel qu’elles savaient d’ailleurs ne pas pouvoir tenir, les voila loin de rentrer dans leur petit soulier, reprendre les mêmes et recommencer. Malgré cette évidence elles essaient tant bien que mal de se donner de la contenance. Pour couronner toute cette cacophonie le mutisme de la population, de celle là qui se dit société civile, face à cette attitude défaitiste est pris comme un gage de soutien. Pauvre de nous !
Cela nous pousse à poser cette question fondamentale à savoir, est-ce que le temps aura fait son effet dans le dénouement de la crise que traverse le Mali ? En tout cas toutes nos inquiétudes sont sur le point de se réaliser. En ce sens nous nous acheminons vers ce morcellement tant redouté depuis janvier 2012. Nous avons fait part de nos préoccupations, de notre indignation, de notre incompréhension face à la particularisation de la situation de Kidal dans le processus de reconquête des zones occupées du Mali. Force est de constater aujourd’hui que le processus de partition du territoire est en marche et de manière irréversible. Les pages des réseaux sociaux nous sont témoins, à travers le monde les Maliens unis dans la diversité ont unanimement condamné le traitement complaisant dont les aventuriers bénéficient et continuent de le faire. Mais hélas le nombre d’utilisateur de ces outils est très limité !
Le Malien est blessé dans son orgueil et dans son amour propre, mais sachons raison gardé que pour l’instant nous ne pouvons panser nos blessures. Loin de nous soulager des malheurs de ces aventuriers la communauté internationale nous enfonce d’avantage. Hier comme aujourd’hui le Malien vomis le MNLA sous toutes les formes à juste raison, pourtant à regarder de près ces aventuriers ne sont pas si différents des putschistes de mars 2012. Concernant les seconds une loi d’amnistie a été votée pardonnant tout les crimes et délits prévus et punis par le code pénal malien. Et là dessus aucun malien n’a levé le petit doigt… ! Si nous continuons sur cette lancée, vu qu’il y’a une jurisprudence, nous n’aurions plus que nos yeux pour pleurer l’avènement de la « république autonome de l’Azawad » avec tout ce que cela emporte comme conséquence.
Pour notre part nous considérons que ces deux groupes sont comptables des malheurs du Mali et des Maliens. Ce qui a valu pour l’un ne va-t-il pas valoir pour l’autre ? Nous ne voulons rien insinuer, mais établissons juste un parallèle. Au lieu d’être une source de trouble comme l’a été le premier, le second groupe semble plutôt guider nos partenaires dans la recherche de solution à cette crise qui ébranle le Mali tout entier. Or de janvier 2012 à ce jour ces aventuriers n’ont pas varié dans leur revendication, pire les principaux ne se sentent nullement maliens. Ils ont parfois changé de discours, mais le fond reste le même depuis toujours.
A l’approche de la date fatidique de l’élection présidentielle les Maliens de tout bord réclament le redéploiement de l’armée à Kidal concomitamment avec celui de administration. Mais hélas malgré les discours officiels il est clair que les aventuriers, qui nous ont apporté toute cette véritable humiliation, nous imposent leur diktat. Ils continuent de nous narguer en tenant des discours qui n’augure pas de la recherche d’une hypothétique paix et même du vivre ensemble. Et pour cause il n y aura point de présence de l’armée malienne à Kidal durant cette phase transitoire comme ils l’ont décrété. Et sur ce sujet les aventuriers pensent avoir gagné n’ayons pas peur de l’affirmer, mais…..Les choses vont dans ce sens de toute évidence, malgré cette volonté affichée par nos plus hautes autorités.
Souvenez-vous le pacte national a été signé par un gouvernement de transition ! Pour quel résultat ? La lecture de cet accord nous apprend que la souveraineté du pays a été bradé et toutes les revendications faites par les rebelles prises en compte, même celles qui étaient humainement irréalisables. Certains Maliens ont été surpris de revoir en 2006 les mêmes hommes, signataires dudit pacte, reprendre les armes. Le scénario se présente presque à l’identique à quelque exception près. Alors allons-nous confier notre destin à un autre gouvernement transitoire qui ne rencontre que timidement l’assentiment de la communauté internationale ?
Le doute et le scepticisme qui nous envahissent, habitent tout autant nos partenaires au premier plan desquels la France. Néanmoins en acceptant la tenue des élections à Kidal, en acceptant le redéploiement de l’administration à Kidal, les aventuriers auront montré aux yeux du monde leur naïveté manifeste. Le gouverneur est militaire, certains préfets et sous-préfets sont aussi des militaires. Nous l’avons dit et redit, ils ne savent pas ce qu’ils recherchent si ce n’est la prime à la rébellion. Et la France en décidant que l’armée française assurera la sécurité des élections à Kidal, en restant intransigeante sur la tenue desdites élections en Juillet nous envoie un signal fort. Elle nous fait comprendre la dure réalité du moment. Nous n’avons aucune emprise sur cette crise multidimensionnelle.
Tout cela parait compliqué, car comment comprendre et faire confiance à des individus qui de par leur prise de position auront démontré leur duplicité. Après avoir collaboré avec des terroristes et signé un communiqué pour signer la paternité des atrocités de Aguelhoc, après avoir signé une alliance avec des terroristes sous l’égide de l’Algérie, on trouve qu’ils ont des revendications légitimes, qu’ils se sont simplement laissé embrigader. Comme pour confirmer qu’ils n’ont pas de volonté propre, alors pourquoi devrions-nous leur faire confiance ?
La finalité reste la partition programmée du pays ; cette politique de la France n’aura donc pas changée. Sarkosy ou Hollande les deux versent dans le même verre.
En effet il y a juste quelques jours nous disions ceci : « nous ne sommes pas » et bien par là la France nous le démontre de manière éloquente. Nous n’avons rien décidé depuis le début de l’opération SERVAL et aujourd’hui encore nous ne décidons de rien, nous ne faisons que suivre. Si ces élections devraient se tenir sans la présence des Forces Armées Maliennes à Kidal le peuple doit prendre ses responsabilités. Avant de doter le pays d’institutions légitimes pour s’occuper du cas de Kidal, la souveraineté de l’ETAT doit d’abord s’affirmer. La matérialisation de cette souveraineté passe par cette présence nécessaire. C’est à cela que la France s’est engagée.
Comment pouvons-nous laisser nos fonctionnaires dans un environnement hostile. Pour rappel les braves soldats Tchadiens se sont fait tuer par ceux là même qui veulent nous imposer leur diktat.
Par ailleurs à notre avis à la CDR il manque le "V" nécessaire sans lequel on ne peut parler de réconciliation. Ce "V" de la vérité fait cruellement défaut à cette commission. Quelque part cela démontre également la volonté de ne pas aller véritablement à cette réconciliation si nécessaire à la paix. Nous aurions beau crié au scandale ces élections se feront et sans la présence des Forces Armées Maliennes à Kidal. Telle est notre vision des choses et ce serait la partition garantie! Pensons au pire et nous serons proches de la vérité !!!
Lassana TANGARA