Mon Maliba d'après guerre
Au moment ou le monde entier s’accorde sur la nécessité d’une guerre pour bouter les envahisseurs hors de nos frontières, la question de financement reste encore à définir. Il est bien d’aller en guerre mais il faudra egalement s’assurer du financement adéquat qui ne puisse pas non plus hypothéquer l’avenir du pays.
Faire la guerre ou s’y préparer signifie investir, produire efficacement et trouver les moyens pour financer cet effort économique. Note pays, soumis à des pressions internationales, s’est finalement plié aux exigences des initiateurs de ce chaos. Il serait naïf de penser que la communauté internationale décaissera ses fonds, impôts et taxes de leurs contribuables, pour aider gratuitement le Mali. Absolument pas.
Karl Marx croyait que les guerres étaient une façon pour les États capitalistes de contrer les effets des crises économiques qu'ils subissaient périodiquement. Au 20e siècle, Keynes et ses émules ont popularisé l'idée qui veut que les dépenses militaires, comme toute forme de dépenses des gouvernements, permettaient de « stimuler » l'économie et donc de sortir de la crise. L'hypothèse a semblé se confirmer lorsque le chômage de la Dépression des années 1930 s'est résorbé pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce sont ces détritus théoriques qui sont à l'origine de la croyance populaire selon laquelle « Il nous faudrait une bonne guerre pour relancer l'économie ». Ces 2 écoles de pensées ne concernent en aucune manière, notre chère patrie pour la simple et évidente raison qu’il n'est pas producteur mais juste consommateur. L’économie malienne est certes, tributaire des autres sous l’effet de la mondialisation mais elle n’est malheureusement pas concernée par les retombées positives,directes, de ces théories. Non seulement, on nous impose une guerre avec son corolaire de morts d’hommes, de déplacées et de situations humanitaires déplorables mais aussi, on nous pousse à participer aux rayonnements de leurs entreprises d’armements et pire, à la sous-traitance de nos richesses aux multinationales.
La libération de nos zones sous occupations a un prix, certes indiscutable mais trop élevé pour nous qui aspirons à une relance de l’économie basée sur les partenariats win-win à travers des investissements étrangers directs mais également basée sur nos principales sources de revenus. Que cela ne tienne, nous devons réfléchir, mûrement, afin de trouver des voies et moyens qui puissent nous assurer non pas les ressources nécessaires pour stagner au même niveau de décembre 2011 mais plutôt à une stratégie bien réfléchie de mobilisation de nos ressources internes. Puisque le vin est tiré, nous allons le boire. Nous sommes obligés de faire avec cette class de vautours qui rodent autour. Saisissons la main tendue en faisant cette guerre et s’il le faut à nous endetter durablement. Le plus important, à mon humble avis, reste la gestion de la période d’après guerre ou il va falloir montrer un visage nouveau aux investisseurs étrangers, les mettre en confiance et si possible faciliter davantage la législation en la matière. De ce point, il convient de rappeler qu’à l’instar de la plupart des pays du Sud, le Mali a adopté une attitude globalement plus propice aux investissements étrangers depuis les années 1990 qui se manifeste de diverses façons : une législation plus attractive avec un code minier révisé en 1991 et 2005 et un code des investissements révisé en 1991 et 2005 ; la publication de guides d’investissements (CNUCED, CCI 2004); l’harmonisation des législations dans le domaine des assurances et du droit des affaires au niveau régional (CIMA et OHADA); la politique de privatisation menée en particulier depuis 1994, etc. Cependant, les crises que nous vivons ne sont pas de nature à rassurer les investisseurs sur le bien fondé de revenir et de fructifier leurs affaires en toute tranquillité. A nous de travailler dans ce sens et pouvoir offrir un cadre propice pour attirer le maximum d’investissement, sève nourricière de toute économie moderne.
A la sortie de cette crise, nous devrons être en mesure d’assimiler toutes les leçons et en faire bon usage. Tout n’est pas politique et tout ne sera pas non plus économique ou militaire. Il s’agira de fédérer ces trois aspects dont la pierre angulaire, l’économie, doit trouver tout son sens dans l’orientation stratégique adoptée. On ne peut continuer indéfiniment à naviguer entre deux eaux, le socialisme ou le capitalisme. Il va falloir choisir. Les rôles de l’Etat, des collectivités et du secteur privé doivent être redéfinis et s’articulés autour d’un concept de décentralisation, seul cadre propice pour une meilleure prise en compte des revendications légitimes des gouvernés. Par ailleurs, Il faudra revoir à la hausse certaines catégories de dépenses tels la sécurité, l’école et la santé, reprendre les investissements stoppés, assurer le bon fonctionnement des services centraux et déconcentrés de l’Etat, surtout les impôts et la Douane, chargés de mobiliser les ressources propres.
L'optimisation des ressources fiscales, condition sine qua non, s'avère nécessaire. Elle trouve son point d’ancrage dans le renforcement de l'administration fiscale tant au niveau des services déconcentrés de l'Etat qu'au niveau des collectivités locales. Des études récentes soutiennent qu’il est possible d'obtenir rapidement une amélioration des rendements de certains impôts et taxes en jouant simplement sur la motivation des communes à gagner leur autonomie et en mettant en liaison les services de la commune et ceux de l'Etat. Cette motivation pourraient être engendrée notamment par le besoin de mettre en œuvre des plans de développement communaux élaborés de façon participative avec la société civile et par des séances de formation et sensibilisation sur la gestion communale en particulier sur la gestion des recettes communales. Cette motivation pourrait également être obtenue par la réalisation du recensement des activités taxables et des contribuables ainsi que la mise en place des bases de données informatisées. L’implication systématique des services déconcentrés de l'Etat dans cette animation communale encouragerait la collaboration nécessaire entre les deux administrations et faciliterait le transfert de compétences.
La mobilisation efficace des ressources ne doit pas non plus écartée la minimisation des dépenses au niveau des services étatiques et des collectivités. Une réflexion murie, basée sur l'identification/élimination des « couts cachés » ainsi que la suppression de certains post de dépenses, inutiles. Ces deux politiques, optimisation des recettes et minimisation des dépenses doit être de mise et servir de point d’ancrage pour l’éclosion d’un Mali émergent, debout, et capable d’assurer un avenir radieux aux futures générations.
AKY
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