Futur Maliba

Futur Maliba

L'heure du bilan...

Parmi les vœux pour 2013 que j'ai reçus de mes contacts maliens et étrangers figuraient ceux relatifs à l’établissement d'une paix durable, un décollage économique et une Justice équitable pour ce beau pays. En cette fin 2012, une lueur de désespoir, perceptible sur les visages, démontrait à suffisance la perte de foi en ce pays, en l’avenir et en nous-mêmes.  La lourde épreuve, imposée depuis une année, par les forces obscurantistes, sorties de nulle part, en complicité avec certains maliens, a fini par créer ce sentiment, profond, d'incertitudes et de lassitude.

 

Cette année fut certainement celle de tous les défis pour nous les maliens et aussi pour les personnes  que certains qualifient d’étrangers mais que je qualifie plutôt de maliens « spéciaux ». Ils sont restés à nos côtés, pleurant avec nous, s’insurgeant pour nous et se battant pour nous aider à ne jamais baisser les bras. Il est tout à fait normal que ceci soit dit et redit pour que nos progénitures puissent savoir nous n’étions pas seuls dans cette épreuve et que malgré les réticences et/ou les mots sévères exprimés contre les autorités de certains pays, les peuples sont restés soudés et solidaires. Notre combat a été le leur, nos défaites et victoires (très peu), aussi.

 

En cette fin 2013, l’heure est au bilan. Je n’irai pas jusqu’à dire que nous avons échoué mais force est de reconnaitre que nous n’avons pas fait suffisamment pour l’atteinte de nos objectifs.  Je  constate que la ferveur dans la récitation de notre formule devenue célèbre, « le Mali est un et indivisible », est toujours d’actualité. Hélas, près de 2 ans après, nous sommes toujours dans cette logique de récitation. La faute, aux autorités  sans aucun doute mais pas exclusivement, le peuple aussi est responsable de cette situation puisque n’ayant pas eu le courage nécessaire pour affronter  et dire les choses comme cela se devait. Nous sommes restés trop attentistes, abandonnant le destin de notre pays aux mains des puissances et des organisations dont les desseins, les plus obscures, ne sont plus à démontrer. Nous avons perdu énormément d’énergies dans les futilités, les oppositions gratuites et avons, à un moment donné perdu le sens profond de notre combat. Les exemples ne manquent pas et sans être exhaustif, je citerai entres autres, l’opposition pro négociation et pro guerre, pro putsch – Anti putsch, pro cedeao –anti cedeao, pro CMD –anti CMD, etc..

 

Du 17 janvier au  21 Mars 2012, au moment ou nos soldats tombaient sous les balles ennemies et ou l’union sacrée devrait être prônée, nous étions occupé à chercher des boucs émissaires  au sein des politiciens. Une partie de l’armée, des hauts cadres, certainement, militaient pour le renversement du Président, contesté certes, mais élu par ce peuple. Ces personnes, par souci de dissiper leur faiblesse, ont trouvé en la personne du Président, un ennemi à abattre. Mobilisant et instrumentalisant les femmes et enfants des militaires, ils ont détourné le regard de l’opinion nationale et internationale vers le néant. Je ne dirai pas qu’ATT n’est pas blâmable, loin de là, général de l’armée, 9ans de pouvoir, il a sa responsabilité dans la fragilisation de notre vaillante armée et de l’administration puisque se rendant coupable de l’institutionnalisation de la corruption, la délinquance financière, le népotisme et la culture de la médiocrité. En d’autres mots, son laxisme, criarde, a fini par fragiliser un pays, considéré comme vitrine de la démocratie en Afrique. En 2 mois de crise, les maliens  surtout nous qui sommes à Bamako avons perdu de vue ce qui importaient le plus : l’union sacrée autour du Président. Et ce qui devait arriver arriva, les soldatesques, instrumentalisés, se mutinent ; ATT, abandonné par ses hommes, descendra la colline de Koulouba à pied et conséquence, les maliens se réveillent, ce matin du 22 Mars 2012, avec l’image des soldats sur l’ortm (ils avaient mêmes des difficultés à lire convenablement). Att est déchu, les institutions dissoutes, le cnrdre avec le capitaine sanogo venait de prendre le pouvoir. Les maliens assistèrent aux arrestations des hauts cadres à Bamako et des chefs militaires à Gao et Tombouctou. La chaine de commandement cassa, les soldats perdent le repère et évidement c’est le sauve-qui-peut au nord. En l’espace de 3 jours, l’armée perdit toutes les grandes villes du nord.

 

L’opposition anti et pro putsch vola la vedette à la récupération des régions perdues. Les politiques se scindèrent en 2 grands regroupements, le FDR d’une part et le MP22, soutenu par la COPAM, d’autre part. L’opinion malienne suivra la mouvance et se retrouvera à débattre inutilement sur le bien fond ou non du putsch. Des associations de soutien au capitaine scandant des «vive mon capitaine» s’opposent à celles des « A bas le capitaine ». Si le FDR a soutenu la CEDEAO, le MP 22 s’est opposé à elle et tout naturellement, l’opinion nationale se divisa, une fois de plus, sur la question.  Et finalement, la CEDEAO eut gain de cause avec l’établissement de l’ordre constitutionnel. Entre pro et anti putch, c’était encore le tiraillement. Chacun interprète la loi en sa faveur même s’il faut dire au passage que la CEDEAO, au cours d’un sommet, fixera l’intérim pour un an. La foule se déchaîna et malheureusement, le président, un vieillard de 70 ans, paya les frais. Il est tabassé dans son bureau et Il a fallu l’évacuer en France pour subir des examens supplémentaires. Et pendant tout ce temps, le PM, investi de pleins pouvoirs (chose que les maliens ont mal interprété aussi) dirigea le pays, voyage à travers le monde et refuse de partager ces récits avec les marionnettes du gouvernement. Le bateau « Mali » venait de prendre le large sans boussole, sans carte et sans destination connue. Nous étions dans ce que les gestionnaires appellent « le pilotage à vue ». Aucune stratégie, aucune concertation et donc, sans étonnement, aucun résultat tangible au cours de cette période.  Une partie du peuple, roulant pour le compte du FDR, exigea le départ du PM tandis que l’autre, emmenée par le MP22 et la COPAM exigeait une concertation nationale avec en toile de fond, le maintien du PM et la nomination du général au poste de président intérimaire. Des mois s’écoulaient sans que veritablement, nous n’ayons fait un pas vers la reconquête de nos régions nord. Des oppositions inutiles se multipliaient et le fossé, de plus en plus profond, apparaissait entre le président, du retour de son traitement et le PM. Je ne saurai dire ce que Dioncounda a véritablement promis au capitaine mais la vérité est que ce dernier a littéralement changé de cap en se rangeant de son côté et força le PM à la démission. Remplacé par un vieux briscard de l’administration malienne, Diango Cissoko, le Mali termina ainsi l’année 2012 comme il l’a commencé c'est-à-dire dans des  problèmes aussi inutiles que révoltants.

 

Et l’année 2013 commença très tôt par l’intervention française. Et si cette intervention, la seule véritablement qui n’a pas permit la division de l‘opinion nationale (ironie du sort) est toujours en cours, il n’en demeure pas moins que l’objectif affiché et largement médiatisé est loin d’être atteint. Bientôt une année que cela dure et bientôt une année supplémentaire ou les maliens se rendront compte que l’on n’a pas bougé. Si la conquête de Tombouctou et Gao a été aussi rapide que leurs prises par les islamistes, Kidal, longtemps épargné par la guerre, échappe toujours aux maliens et constitue la seule barrière dans la concrétisation de ce Mali, un et indivisible.  Et comme en 2012, les maliens sont utilisés les uns contre les autres. Ils se battent entre eux et oublient le véritable combat qui mérite  d’être mené à savoir la libération de Kidal. Il faut que nous apprenions de notre passé surtout récent et savoir que les faux problèmes ne méritent aucune attention. L’arrestation du capitaine, le charnier de Diago et l’arrestation de certains ministres de la transition ne sont que des enfumages pour détourner nos regards de l’essentiel. Au peuple de rester debout !

 

AKY



11/12/2013
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